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juin
(premier leg : 13-28 juin)
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juillet
(deuxième leg : 2-23 juillet)
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Jeudi 11 juin

Toute l'équipe scientifique française a quitté Paris à destination de Dakar, où l'Antea est arrivé il y a quelques jours. L'installation à bord aura lieu demain. Nous avions choisi de partir sur le même vol à partir de Paris le 11 juin pour Dakar. Deux ingénieurs, arrivant de Cotonou (Bénin) et de de Seattle (USA) nous rejoindront le lendemain à l'hôtel Ganalé.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, voici un petit rappel sur la campagne :
Il s'agit de la 19ème campagne française du programme international PIRATA (d'où le nom FR19). La précédente PIRATA-FR18 avait été réalisée en septembre-octobre 2008, associées à une campagne TACE. FR18 a permis d'effectuer le remplacement des 4 bouées situées dans le Golfe de Guinée, de remplacer le mouillage courantométrique PIRATA/EGEE situé à 10°W-0°N et un de ceux du programme TACE (Tropical Atlantique Climate Experiment; PI: Bill Johns) à 10°W-0°45'N. La présente campagne concerne la relève et la remise à l'eau annuelle d'une partie du réseau de mouillage. La France a la responsabilité de 5 mouillages de type ATLAS et de deux mouillages courantométriques. La campagne PIRATA-FR19 doit permettre la maintenance des 5 sites ATLAS, 23°W-0°N, 0°E-°N et le long de la radiale 10°W (10°W-10°S, 10°W-6°S, et 10°W-0°E) et le relevage d'une bouée supplémentaire à 0°-0° qui avait été vandalisée pendant la précédente campagne FR18, et n'avait pu être récupérée faute de temps.
Les chercheurs allemands de l'IFM/GEOMAR-Kiel remplaceront le mouillage courantométrique PIRATA présent à 23°W-0°N en novembre 2009. Celui situé à 10°W-0°N sera remplacé en 2010 lors de la prochaine campagne PIRATA-FR20.


Vendredi 12 juin

La journée de vendredi fut placée sous le signe de la découverte : visite de la représentation de l'IRD à Dakar, puis du laboratoire de chimie de l'IRD, le LAMA, dirigé par Patricia Moulin au centre de Bel Air. Par la même occasion, nous avons pu visiter un laboratoire de micro-chimie voisin. Un repas typique (tiboudien) nous a été gentiment préparé par l'équipe du LAMA qui s'est ensuite rendu sur le bateau pour découvrir les laboratoires ainsi que le matériel scientifique embarqué.


Samedi 13 juin

Le samedi était le jour de la "mise à disposition" du bateau, c'est-à-dire le démarrage effectif de la campagne. Deux équipages ont travaillé ensemble toute la journée : l'équipage "sortant" qui avait effectué le trajet La Palisse-Dakar entre le 31 mai et le 11 juin et l'équipage "entrant", qui allait effectuer le premier leg (la première partie de la campagne, de Dakar à Cotonou). C'est à La Pallice (le port de La Rochelle) que le matériel PIRATA préparé à Brest avait été auparavant chargé (bouée ATLAS), ainsi que celui de physique (laboratoire humide) et de chimie (laboratoire sec).
Ce même jour, le conteneur 20' en provenance de Seattle et contenant les mouillages PIRATA de la NOAA, a été dépoté et le matériel embarqué. Les scientifiques ont pris place à bord de l'Antea certains découvrent le bateau, que d'autres connaissent dans ses moindres recoins pour y avoir fait de nombreuses campagnes... L'équipage est très sympa et de surcroît le cuisinier cuisine très bien !
Cette journée a été principalement consacrée à l'installation du laboratoire de chimie, de physique, à la mise en place de la CTD, ainsi qu'au montage de la bouée ATLAS.

 


Dimanche 14 juin

Par ce beau dimanche matin, la journée débute à 7h30 avec le ravitaillement du bateau en gasoil. Nous appareillons de Dakar à 10h45, pour 4 jours de transit avant d'arriver à 23°W-0°N, position de la première bouée ATLAS sur laquelle nous allons intervenir. La mer est calme, le navire esquive les filets de pêcheurs devant l'île de Gorée et nous éloigne progressivement de la côte. Tout va bien, le temps et la houle sont cléments...
Il est actuellement 21h20, nous sommes localisés à 18°W-13°06N, le bateau navigue à 9.6 noeuds, la profondeur de l'eau est de 3143 m et sa température de 27,2 °C. Nous allons procéder au premier lancer de sonde XBT lorsque nous aurons atteint 13°N.


Lundi 15 juin

Nous avons réalisé notre premier lancer de sonde XBT ce matin, à 4h15. Ces sondes sont lancées tous les degrés de latitude et permettent l'obtention de profils thermiques en temps réel. En parallèle des lancers, lors des transits nous prélevons des échantillons d'eau de mer également tous les degrés pour analyse de la salinité dans le laboratoire de chimie du bord. Il a fallu également régler un problème de dysfonctionnement des GPS du bord.
Parti de Dakar (14°N), l'Antea fait route vers le sud-sud-ouest jusqu'à la première bouée située sur l'équateur (0°N). Degré par degré, nous descendons en latitude, avec un lancer de sonde XBT à chaque parallèle, le dernier à 23h24 aujourd'hui à 9°N.Concernant la bouée ATLAS qui sera mise à l'eau à 23°W-0°, les tripodes inférieurs et supérieurs ont été montés hier après-midi sur le flotteur. Pour des raisons d'encombrement sur le bateau, elle a en effet été embarquée à La Rochelle en "pièces détachées". Aujourd'hui les capteurs ont été installés et testés ; les capteurs météorologiques (anémomètre, thermomètre, hygromètre, etc) sur le tripode supérieur, les capteurs océanographique sur le câble. Tout est normal pour l'instant.

La fin de la journée à été ponctuée par un chaud problème : panne de climatisation ! En effet la "clim" nous a fait défaut, en fin d'après-midi jusqu'à notre repas. Nous avons eu jusqu'à 32°C au carré pendant le premier service. Grâce aux efforts conjoints des mécaniciens, la climatisation a été rétablie pour le second service de 20h, au grand soulagement des convives... Notre journée s'est achevée par un magnifique coucher de soleil.


Mardi 16 juin

Grâce à une mer et un temps clément ("calme choc" en terme marin) qui nous ont accompagnés jusqu'à
présent (et une magnifique mer d'huile de bon matin), nous prenons de l'avance sur notre trajet. De ce fait le lancer d'XBT prévu à 5h50 (8° N) ce matin a eu lieu une demi-heure plus tôt. On peut s'étonner de ces calculs sur une campagne qui va durer 5 semaines, mais le programme est très serré et toute avance gagnée sera utile plus tard pour compenser d'éventuels retards dûs à un courant contraire ou à des opérations plus longues que prévu.
Le lancer d'XBT de 11h30, à 7°N, s'est déroulé sous une pluie tropicale, laissant dans une grande solitude sur la plage arrière la personne chargée de mettre la sonde à l'eau et de tenir le lanceur jusqu'à la fin du profil de température : pendant ce temps-là, ses collègues l'observaient attentivement, bien au sec derrière les vitres du PC scientifique de l'Antea...
La réunion préparatoire avant la mise à l'eau de la bouée s'est tenue à 16h dans la salle du PC. Le chef de mission et le commandant doivent en effet récapituler de façon détaillée toutes les étapes de cette opération délicate pour que la manoeuvre se déroule dans les meilleures conditions techniques et de sécurité pour les personnes et le matériel.


Mercredi 17 juin

Jusqu'à présent, les conditions de mer étaient excellentes, mais cette nuit a été un peu tourmentée par une mer assez énervée... Nous avons commencé la journée par un lancer d'XBT repoussé d'1h40, ceci étant dû au courant qui ralentit quelque peu le bateau. Le programme d'aujourd'hui est la préparation de la journée de demain, où nous arriverons au point d'ancrage de la bouée ATLAS : sur la plage arrière, nous installons donc le matériel qui servira à la récupération de la bouée.
Du côté du laboratoire de chimie (dit laboratoire sec), nous continuons nos prélèvements d'eau de surface à chaque lancer d'XBT, ceci dans le but de vérifier les données fournies par le thermosalinomètre. Il est en effet nécessaire d'étalonner régulièrement les instruments électroniques pour détecter d'éventuelles dérives des capteurs. Aujourd'hui nous avons donc analysé avec le salinometre PORTASAL les premiers échantillons d'eau de mer que nous avions prélevés. Cela permettra de verifier les données fournies par le thermosalinomètre TSG.
Ce matin nous avons aussi testé la manip de dosage de l'oxygène et procédé aux premiers étalonnages qui ont donné de bons résultats. Espérons que cela continuera ainsi et que des bulles ne viendront pas perturber nos analyses ! (l'eau destinée à l'analyse de l'oxygène dissous doit impérativement avoir été prélevée en évitant toute bulle d'air, car de l'oxygène passerait de l'air dans l'eau et fausserait la mesure).

Ce soir, la mer s'est calmée, nos estomacs sont repus des excellents repas de notre cher cuisinier qui enchante nos assiettes midi et soir... Notre arrivée sur zone est prévue jeudi vers 11 heures.


Jeudi 18 juin

Il est 12h30, la bouée Pirata située à 0° - 23°W, et que nous atteignons après 4 jours de transit au départ de Dakar, se profile à l'horizon. Ensoleillement et mer calme accompagnent l'arrivée sur zone. La bouée est à notre portée...l'Antea fait des ronds dans l'eau, même plusieurs autour de la bouée... et nous découvrons qu'elle
abrite tout un écosystème, de l'infiniment petit au très gros que nos marins avertis se sont fait un plaisir de pêcher à la ligne de traine, l'épreuve de force commence avec dorades coryphènes (mahi-mahi), thons (patudo), tazars (wahoo) qui s'entassent sur la plage arrière. Une fois cette pêche abondante achevée nous sommes allés mettre à l'eau la bouée de remplacement à quelques milles de là. La nouvelle bouée déployée en un peu plus de 3 heures, nous devons récupérer celle qui a été mise en 2008 (sur place depuis 8 mois). Nous mettons à l'eau le zodiac qui se trouve sur la plage avant et dans lequel embarquent un membre de l'équipage et deux scientifiques. Leur mission consiste à récupérer les capteurs météo avant la mise à bord pour ne pas risquer de les endommager. Ensuite le navire se rapproche de la bouée. Un transducteur acoustique (dalle) est plongé à 30 m et nous interrogeons le largueur qui se trouve à 4000m de fond. Ce dernier répond à nos interrogations, donne même sa distance avec le bateau. Nous lui donnons ensuite l'ordre de largage. Il répond au bout de quelques secondes, mission accomplie. La bouée n'est plus reliée à son lest, nous pouvons la mettre à bord. Sur la plage arrière, l'équipe du pont prend la direction des opérations pour la mise à bord de la bouée ... c'est une manipulation très délicate qui nécessite l'utilisation de la grue et les indispensables précautions de sécurité pour le personnel se trouvant sur la plage arrière.

Malgré tout cela, lorsque la bouée est correctement positionnée pour être posée sur le pont, le bout casse à
notre grand étonnement et la bouée chute lourdement sur le pont puis retombe à l'eau. Heureusement, les
consignes de sécurité ayant été respectées, plus de peur que de mal. Nous récupérons facilement la bouée qui n'a pas dérivé car la mer est calme. La seconde mise à bord se fait sans encombre. Nous relevons tout d'abord le câble en acier de 700 m et récupérons un à un les capteurs qui ont enregistré leurs précieuses mesures toutes les 10 minutes pendant ces 8 mois. Nous récupérons le câble acier de 300 m puis les 5 bobines de nylon, ce qui représente en tout 7 bobines, qui reliaient le lest au fond de l'océan à la bouée en surface. C'est donc à la force des bras que nous rembobinons les 5 000 mètres de câbles qui se révèlent au fur et à mesure...
Il est minuit et il nous reste à mettre la CTD à l'eau. Après une première descente à 50 mètres pour mettre les pompes en route, l'équipement replonge à 1 000 mètres de profondeur et les données sont acquises en temps réel 24 fois par seconde sur l'ordinateur de contrôle au PC scientifique. Des prélèvements sont réalisés lors de la remontée avec les 11 bouteilles dont la fermeture est déclenchée à distance.
Une fois la CTD revenue à bord du navire, nous prélevons des échantillons d'eau de mer dans différents flacons qui seront soit analysés à bord pour la salinité et l'oxygène dissous, soit au laboratoire de Brest pour les sels nutritifs (les échantillons sont alors conservés par pasteurisation dans une étuve avant stokage).
Il est 3h du matin...chacun rejoint sa bannette ou "niche" après une journée bien remplie.


Vendredi 19 juin

Après l'éprouvante journée de travail de jeudi, trois jours de transit nous attendent pour arriver au point de mouillage de la bouée suivante à 0° - 10°W. Nous avons aujourd'hui eu le "plaisir" de découvrir pour la première fois les joies de l'Antéa... : la mer quelque peu agitée qui nous entourait a rendu le bateau très actif...
Aujourd'hui, nous nous sommes donc occupés de remettre en état la bouée récupérée au point 23°W afin qu'elle soit prête et en bon état pour le mouillage suivant. Elle a été poncée et stratifiée aux endroits où elle a subi des chocs.
Cette journée a été ponctuée par des lancers d'XBT à 7h50, 14h05, ainsi qu'à 20h23.
Nous avons aussi eu la chance de pouvoir déguster pour notre repas du soir de la dorade coryphène pêchée la veille...


Samedi 20 juin

Aujourd'hui la mer est plus calme et le ciel bien moins ensoleillé. Nous continuons la préparation de la bouée ATLAS qui est débarrassée de ses salissures avec un nettoyeur haute pression puis repeinte dès ce matin. Dans le laboratoire de chimie, nous allons analyser les échantillons d'oxygène prélevés jeudi (bouteilles de prélèvement de la CTD) et les comparer les données acquises par les capteurs de la CTD. Nous allons également comparer les données de salinité acquises par le thermosalinomètre avec les analyses des prélèvements de surface que nous effectuons à chaque lancer XBT.
Nous longeons l'équateur, et nous nous trouvons tantôt dans l'hémisphère Nord, tantôt dans l'hémisphère Sud. Actuellement nous nous trouvons à 0°00,001 N et 17°42,561 W, la profondeur de l'eau est de 3930 m, et la température de l'eau de surface est de 25.4°C. Nous constatons la diminution de la température de surface au niveau de l'équateur, qui est due à l'upwelling équatorial engendré par les alizés à cette latitude.
En cette fin de soirée, le soleil réapparait.


Dimanche 21 juin

Nous longeons toujours l'équateur et nous nous rapprochons de notre prochain mouillage situé à 10° W que nous atteindrons demain après-midi. La bouée Atlas est désormais prête à être mise à l'eau. Notre journée a
été ponctuée de lancers de sondes XBT à 00h15, 07h25, 14h05. Ces lancers qui font désormais partie de notre quotidien et que nous larguons dans le sillage de l'Antea, se font parfois sous les rayons du soleil, parfois sous le scintillement des étoiles.
Les traditionnels déjeuner et dîner améliorés du dimanche nous ont été préparés et servis par nos chers cuisiner et maître d'hôtel, ravissant encore nos assiettes et surtout nos papilles... Au menu, en entrée, tartare de thon, certains ne semblent pas apprécier ce plat car la chair du thon est crue et simplement marinée avec de l'huile d'olive et quelques épices. En insistant un peu, les réticents finissent par goûter, ....et trouvent ce plat excellent !
L'après-midi fut plus calme, chacun se préparant à la journée de demain et vaquant à ses propres occupations. En fin d'après-midi nous avons mis à l'eau un flotteur PROVOR car l'Ifremer coordonne l'action française ARGO au sein du projet CORIOLIS en partenariat avec 7 organismes français (CNES, CNRS, IRD, IPEV, Météo-France et le SHOM). Ainsi, 3000 de ces flotteurs quadrillent annuellement les océans et permettent désormais aux chercheurs d'en découvrir le fonctionnement en profondeur. Chaque flotteur fonctionne selon la même méthode : d'abord la descente, pendant 6 heures, pour atteindre les 1000 ou 1900 mètres de profondeur (position de "parking"), puis la dérive sous-marine au gré des courants (faibles à cette profondeur) pendant 9 jours. Le flotteur reprend ensuite sa plongée jusqu'à 2000 mètres avant de remonter en effectuant une centaine de mesures de
température et de salinité. Arrivé en surface, il transmet toutes ces données aux satellites ARGOS de passage au-dessus de lui, avant de reprendre la direction des abîmes une dizaine d'heures après. Chaque flotteur répète ce cycle 150 à 200 fois dans sa vie.


Vers 20h30 le bateau s'arrête lentement et nous réalisons une station CTD. Cette fois-ci, la bathysonde a effectué sa descente jusqu'à 2000 mètres et la sonde envoie au PC toutes les mesures qu'elle effectue.
Il est 23h, les projecteurs de la plage arrière s'éteignent mais se rallumeront plus tard cette nuit sous un ciel étoilé... pour le prochain lancer de sonde XBT.


Lundi 22 juin

Plein soleil ce matin et mer calme pour la journée. Nous lançons les sondes XBT à 04h35 et 10h45. Au laboratoire de chimie, dit laboratoire sec, nous mesurons les échantillons d'eau de mer prélevés la veille par
la bathysonde, pour la la salinité et l'oxygène dissous. Quant aux échantillons de sels nutritifs, ils seront analysés par le laboratoire de chimie à Brest, après la campagne, comme il en est d'usage.


Vers 17h le mouillage à 10° W se profile à l'horizon et après quelques traditionnels ronds dans l'eau autour de la bouée, nos courageux acolytes du bord et quelques scientifiques hissent avec force les lignes de traîne qui attendaient sur la plage arrière et ramènent sur le pont le fruit de leurs efforts, essentiellement des thons. Il y du monde à la passerelle pour assister encore à cette épreuve de force.
En fin d'après midi et face à un magnifique coucher de soleil nous mettons à l'eau le zodiac et le chef de mission prend place à bord afin de récupérer sur la bouée les capteurs météo en place depuis septembre 2008 et installer une "laisse" de 20 m avec un flotteur. Ce montage facilitera la récupération du mouillage demain matin.
Quelques chanceux ont pu apercevoir au loin une baleine ...
Après un dîner copieux, de tazars pêchés quelques jours auparavant, nous mettons la bouée de remplacement à l'eau, vers 20h30, avec bien sûr toutes les précautions de sécurité qui s'imposent pour le personnel. La nouvelle bouée est déployée en un peu plus de 3 heures et dans la bonne humeur. Nous récupérerons demain matin celle qui a été mise l'année dernière.
La soirée continue avec une une station CTD. La bathysonde a effectué sa descente jusqu'à 2000 mètres et envoyé sans encombres au PC les mesures qu'elle a effectués. Nous analyserons demain les échantillons prélevés pour la salinité et les sels nutritifs. Il est 2 heures et nous rejoignons nos "niches", la nuit sera courte... Réveil prévu à 6 h (sauf pour les filles qui se lèveront à 9 heures.....).
Le navire se mettra en dérive, et, vers 5h du matin, nous remettrons les moteurs afin de nous rapprocher de la bouée pour l'opération de récupération.


Mardi 23 juin

La nuit a été très courte, faisant suite à la mise à l'eau d'une bouée ATLAS à 0°-10°W, au largage d'un profileur PROVOR ainsi qu'une station CTD. Vers 6h du matin nos marins les plus courageux se sont offert une petite séance de pêche autour du mouillage... assez décevante cependant car seuls des petits poissons (d'une trentaine de centimètres) mordaient à l'hameçon et beaucoup d'entre eux ont dû être relâchés...
Vers 7h nous avons remonté le mouillage sur lequel s'étaient accrochés moult coquillages puis récupéré les capteurs, soit un rembobinage de 7 bobines de nylon et deux de câbles qui représentent en tout 5 000 mètres de longueur. Nous rembobinons à la force des bras et toujours dans la bonne humeur et nous nous relayons pour cette opération, nous "hamstérisons" selon l'expression du bord. Cette bouée sera poncée et stratifiée aux endroits où elle a subi des chocs. Ensuite elle sera remise en état pour sa mise à l'eau à 0°0° que nous atteindrons le 27 juin au matin. Pour l'heure nous sommes en transit. Vers 18h30 nous avons effectué notre 25ème lancer de XBT sous un soleil de plomb. la mer est calme, quelques uns ont pu observer un requin et une tortue luth...

 


Mercredi 24 juin

Le ciel est couvert ce matin... L'Antea se dandine au gré de la houle, imprévisible... Nous sommes toujours le long de l'équateur et nous nous rapprochons de la prochaine bouée à 0°- 0° qui a été vandalisée pendant la campagne FR18 et qui n'a pas pu être récupérée alors faute de temps.
ll est 8h, l'Antea à réduit sa vitesse pour arriver sur le prochain mouillage à l'aube et la CTD est mise à l'eau pour une nouvelle station à  2 000 mètres. En temps réel elle nous délivre ses profils thermiques, tout comme les XBT que nous lançons toujours le long de la Ligne à 1h20 et 18h30. Juste après la CTD, nous mettons à l'eau un Provor qui effectuera sa centaine de mesures pendant 3 ans, transmise par satellite et qui iront alimenter les modèles de prévisions climatiques des scientifiques dans ces zones fort peu fréquentées par les navires et
ou nous manquons cruellement de mesures en temps réel.
Le profils de la CTD est envoyé au centre opérationnel ARGO (CODAC) avec les informations du lancé du flotteur Provor. Ces données permettront de réaliser une inter calibration du flotteur, un point zéro en quelque sorte pour ces 3 années de mesures.
Nous consacrons une partie de l'après-midi à remettre en état la bouée récupérée au point 10°W afin qu'elle soit repeinte et en bon état pour le mouillage à 0°0°. Elle est poncée puis débarrassée de ses salissures et coquillages envahissants à l'aide d'un nettoyeur haute pression. Elle sera repeinte demain.
Dans le laboratoire de chimie, nous mesurons les échantillons d'oxygène et de salinité prélevés le matin même par les bouteilles de la bathysonde... il est tard. Les mouvements intempestifs de l'Antea (baptisé par certains le "bateau Kangourou", ou le "cata pas marrant") ponctuent notre repas... tout est prévu sur les tables pour pallier les mouvements du bateau mais certains verres viennent quand même trinquer spontanément...

 


Jeudi 25 juin

Il est difficile ce matin à 2h30 de rester en équilibre sur la plage arrière pour le premier lancer de sonde XBT de la journée, tant les mouvements du bateau sont imprévisibles. La nuit fut plutôt agitée par les mouvements de roulis du navire ce qui va alimenter de bon matin les conversations au carré. Et pourtant, en regardant par le hublot, la mer ne semble pas si déchaînée que cela. Tout juste un peu de clapot avec une houle de 2 mètres légèrement par le travers. C'est une allure que n'apprécie guère la catamaran, les coques se soulevant l'une après l'autre au gré de la houle dans un mouvement rapide et désordonné.
Vers midi le bateau remue de plus en plus mais cela ne nous empêche pas de déguster un excellent rôti de thon (au lard) préparé et servi par nos sympathiques cuisinier et maître d'hôtel.
L'après-midi nous débarrassons la plage arrière pour accueillir la bouée à 0°0 et continuons à faire peau neuve à la bouée récupérée à 10°W...
Au laboratoire de chimie nous comparons les données provenant des prélèvements de surface des XBT aux mesures du thermosalinographe. Des bruits courent sur un possible "baptême du passage de la ligne" dans les
jours à venir... les non initiés restent sur leur garde et commencent à guetter le moindre signe annonciateur.
Nous commençons aussi à nous préoccuper de notre arrivée sur Cotonou et de l'inventaire du matériel à
laisser sur place et en transit. Un groupe de dauphins nous devance à l'avant du bateau et nous offre de jolies figures, à notre grand émerveillement, merci pour ce ballet !

 


Vendredi 26 juin

C'est par une belle journée ensoleillée que commence cette journée de transit.
Nous nous rapprochons du point 0°-0° et nous apprêtons à récupérer une nouvelle bouée sur le pont arrière. La caractéristique de ce point 0°-0° est que deux bouées Atlas y sont ancrées : une vandalisée et une opérationnelle. Nous avons donc prévu dans un premier temps de nous approcher de chacune d'elle pour nous offrir une petite séance de pêche. Nous arrivons d'abord près de la bouée qui sera remplacée au second leg : au loin, nous voyons sauter une quantité impressionnante de poissons qui selon nous n'attendaient qu'à se retrouver au bout de la ligne de nos courageux pêcheurs... mais... petite déception... peu de poissons mordent à
l'hameçon... simplement quelques thons que nous relâchons à cause de leur petite taille et de leur jeunesse.
Nous faisons route ensuite vers la bouée vandalisée que nous trouvons sans trop de mal grâce à la bonne vue de notre lieutenant se trouvant à la passerelle, puis un scientifique ainsi que deux membres de l'équipage prennent place à bord du zodiac pour arrimer la bouée qui n'a plus de tripode supérieur et qui sera chargée à bord du bateau dès demain.
Mais la soirée n'est pas terminée, et grâce à quelques ronds dans l'eau autour de la bouée, nos fins pêcheurs qui ne veulent pas rester sur un échec ramènent avec succès plus d'une centaine de kilos de thons tous plus gros les uns que les autres, dont un, particulièrement apprécié par sa grosseur (plus de 45 kg) et qui a été pris en photo glorieusement par une bonne partie de l'équipage.
Vers 21h, la soirée s'est achevée par une dernière station de CTD (jusqu'à 2000 m de fond), et un dernier lancer de PROVOR, ce seront les derniers déploiements de ce premier leg.

 


Samedi 27 juin

Cette nuit le bateau s'est mis en dérive, et, vers 6h du matin, nous avons remis les moteurs afin de rester dans le périmètre de la bouée pour l'opération de récupération. Vers 8h la bouée est mise à bord et à midi le mouillage entier est sur la plage arrière.  Il y a du monde comme d'usage sur le pont pour ce type d'opération et chacun
se met à la tâche pour rembobiner les 5000 m de câbles à la force des bras. La bouée sera remise en état ultérieurement mais elle est débarrassée assez rapidement des coquillages qui envahissent sa partie
immergée.


Nous quittons la Ligne et faisons route vent arrière vers notre port d'escale, Cotonou. Le ciel est couvert mais la mer est très calme. Nous terminons les mesures de salinité et d'oxygène dissous au laboratoire sec et effectuons l'inventaire du matériel qui restera en transit à Cotonou jusqu'à la fin du second leg.
A la tombée de la nuit et sous un beau clair de lune l'équipage nous prépare un barbecue avec les poissons pêchés la veille. Puis le chef de mission, pour remercier tous les participants de ce leg, offre des teeshirts à l'effigie de la campagne et représentant une aquarelle de l'Antea et d'une bouée Atlas vu du zodiac. Il est très tard, et c'est l'estomac bien repu que nous regagnons nos banettes...


Dimanche 28 juin

Des nouvelles de Cotonou, qui a vécu un très gros épisode pluvieux, et où l'Antea doit arriver lundi :
Dans l'immédiat, il n'y a pas de place à quai : on cherche une solution avec le transitaire. Il faut savoir que le port de Cotonou est assez petit et qu'il y a toujours au moins une dizaine de cargos mouillés au large, en attente d'entrée au port. Les transits par le port de Cotonou constituent plus de 60% du PIB du pays. De plus, il y a depuis janvier 2009, et pour un an, un gros navire d'une ONG médicale (Mercy Ship) qui occupe une grande partie du quai où l'Antea est souvent placé... J'ai récupéré les cartes d'accès au port pour les scientifiques, condition nécessaire pour qu'ils puissent entrer et sortir à volonté (accès payants bien sûr). Chaque carte est individuelle, et j'ai également demandé des accès pour 3 véhicules de l'IRD et un chauffeur afin qu'on puisse faire des navettes entre le navire, l'hôtel et l'aéroport pour ceux qui partent et ceux qui arriveront mardi pour le deuxième leg... Travail de logistique fastidieux mais indispensable, et grandement facilité par la présence d'une représentation IRD et de partenaires locaux (contacter les responsables des accès au port, éventuellement obtenir des autorisation de travail dans les ZEE des pays concernés, etc.)

Côté Antea :
Temps couvert ce matin et même quelques averses. Nous nettoyons une dernière fois la bouée amputée de son tripode supérieur et préparons notre arrivée à Cotonou pour demain matin (arrivée prévue à 7h). Nous rangeons les laboratoires et mettons certains matériels sous caisses.


Lundi 29 juin

Il est 7h, nous approchons du port de Cotonou. Certains navires marchands attendent au large l'autorisation d'accès au port déjà bien encombré... difficile de joindre les autorités et nous jetons l'ancre à 8h. Deçi delà, quelques pirogues pêchent autour du navire ...
L'Antea sera en escale jusqu'au 2 juillet, date de la mobilisation du second leg. Sept scientifiques prendront place à bord alors que trois quittent le navire à la fin du premier leg. Certains membres de l'équipage terminent également leur mission et seront remplacés.
Nous remercions tout l'équipage pour sa chaleureuse collaboration et sa bonne humeur, José pour ses petits plats bien mitonnés et son acolyte Stéphane, sans oublier notre équipe de mécaniciens bourdons/troubadours,
musiciens et pleins d'humour, Alain le bosco et tous les autres membres d'équipage sans qui les missions ne pourraient se réaliser.

 


Mardi 30 juin

Nous sommes arrivés hier matin devant Cotonou après être restés quelques heures en attente, et avons fait le plein de gasoil jusqu'à 15h.
Toute l'équipe scientifique a débarqué hier en fin de soirée pour aller à l'hôtel du port. Au programme : maquis (petit restaurant) "chez Maman Benin", on goûte à la "Flag" (la bière locale), bien méritée, bain tardif dans la piscine de l'hôtel, survol de la messagerie et autres Msn grâce à la liaison wifi de l'hôtel, et bel orage tropical à minuit pour souhaiter la bienvenue au Benin.
Ce matin, bain de nouveau pour les plus courageux à 7 heures. Fabrice et moi retournons à bord pour gérer la logistique : chargement d'un container 20 pieds en provenance de Seattle avec une nouvelle bouée et 4 lests., puis d ébarquement en transit temporaire (sous douane) du matériel récupéré au leg 1 en attendant la réexpédition définitive à la fin du leg 2, par avion vers Seattle et par container vers Brest.
L'équipe débarquant en profite pour aller découvrir Porto Novo et sa mosquée, son musée et le marché pittoresque. Départ quelque peu retardé, la voiture de Rémy a les freins bloqués car les tambours ont rouillé pendant les 15 jours de la mission avec l'humidité ambiante. Je lui conseille de démarrer en marche arrière, un vieux truc d'Abidjan, et ça marche....
C'est l'effervescence à bord pour contacter l'agent, récupérer les listes de matériel et autre manifestes, attendre le passage de la douane, récupérer le passeport de Steve qui prend son avion ce soir en échange de son shore-pass, remettre en service le répétiteur de navigation du PC scientifique dont le disque a rendu l'âme hier matin (le stress de l'arrivée sans doute...), réceptionner, déballer et tester le capteur de CO2 expédié de Meudon (DT-INSU) par avion, et qui sera mis sur la bouée à 6°S/10°W, etc....
Pour corser le tout, il se met à pleuvoir pendant le débarquement du matériel et sa préparation sur la plage arrière.
Ce soir, après la pause "Flag", il faudra récupérer les 6 nouveaux arrivants par le vol de 19h30 à l'aéroport et les amener à l'hôtel.
Embarquement des "sciences" prévu le 1er juillet, et départ le 2 à l'aube pour de nouvelles aventures !

 
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