IRD Bretagne - Campagne Pirata FR19 : quel temps fait-il ?

en direct de la campagne Pirata FR19
Quel temps fait-il dans l'Atlantique tropical ?

Quelles conditions l'Antea rencontre-t-il en mer ? Comment sont les vents et les courants ? Quel temps fait-il en Afrique de l'ouest en ce début de saison des pluies ? Les images reçues des satellite d'observation de la Terre et les modèles de circulation océanique nous renseignent sur la situation météorologique et océanographique qui forment le contexte de la campagne de l'Antea. Quelques-unes de ces images sont présentées ici, et brièvement commentées. Certaines de ces situations générales (température de surface) permettent de mieux comprendre les observations effectuées par l'Antea au fur et à mesure du déroulement de la campagne.

Vent moyen sur 3 jours, observé par le diffusiomètre QuickScat (image du 16 juin)

Entre Dakar (tout en haut de la carte) et la première bouée (0°N, 23°W, marquée par une croix), l'Antea traverse d'abord une zone de vents très faibles (en bleu foncé : moins de 2 ou 3 m/s ; 1 m/s = 3,6 km/h) et variables en direction. Juste ce qu'il faut pour s'amariner en douceur !

Dans toute la zone les courants sont faibles (blanc ou mauve très clair : moins de 40 cm/s, soit 4,5 km/h ou 0,8 noeud), sauf le long de l'équateur où le courant équatorial porte à l'ouest avec une vitesse qui peut atteindre 1,5 m/s (rouge). Après quelques jours de navigation, l'Antea a rencontré une zone de courants contraires (portant au nord-est), entre 4 et 5°N.

Pluie : la traversée du "pot-au-noir" et les premières pluies sur la côte africaine

Nuages observés le 17 juin par radiométrie visible et infrarouge thermique
(Image Eumetsat /LOA/ICARE)

Les taches bleues sont les masses nuageuses à fort développement vertical (cumulonimbus) qui se forment le long de la Zone intertropicale de convergence (ZIC), le "pot-au-noir" des anciens navigateurs. Entre Dakar et la bouée 0°N-23°W, l'Antea a traversé cette zone et a essuyé quelques bonnes averses.

Cette image, obtenue à partir des données satellite et des relevés météorologiques de terrain (pluviomètres), montre la position en latitude des pluies en ce début de saison de "mousson africaine". A Cotonou (Bénin), les premières pluies de la saison sont arrivées il y a une dizaine de jours. Le 16 juin, les rues de la ville étaient inondées après un gros orage ; beaucoup de quartiers restent ainsi dans l'eau pendant plusieurs heures, voire jours et semaines pour les quartiers les plus bas, donc insalubres...

Pour aller de Dakar à la bouée 0°N-23°W, l'Antea traverse une zone d'eaux à 18-19°C (orange-rouge) située entre la région affectée par le courant des Canaries, au large du Sénégal, et l'upwelling situé le long de l'équateur. Dans ces deux zones, la remontées d'eaux froides vers la surface diminue de plusieurs degrés la température de celle-ci. La limite nord de l'upwelling équatorial oscille en formant des "ondes d'instabilité tropicale"

Le 26 juin : depuis ce matin, pluies diluviennes à Cotonou ! Dans la nuit, une énorme cellule de convection s'est développée à l'intérieur du Nigéria, puis deux plus petites sont apparues sur la côte, juste à l'est de la frontière et ont "explosé" vers 5 heures du matin. Une première vague de pluie s'est abattue sur le littoral béninois à partir de 7 h, rejointe en début d'après-midi par celle qui venait du nord... Ce n'est qu'en soirée que cet épidode de mauvais temps s'est peu à peu éloigné de Cotonou.
L'animation ci-dessous montre cette spectaculaire évolution météorologique, grâce aux images satellite captées dans l'infrarouge, qui détectent le sommet très froid des nuages d'orage.
Certaines de ces formations nuageuses, comme celles qui ont affecté Cotonou en fin de nuit, paraissent sortir du néant : elles traduisent en fait la présence d'air humide et son élévation en altitude. Une partie de ces précipitations typiques de la zone intertropicale de convergence est sous la dépendance de l'état de surface de la mer, par l'apport d'eau vers l'atmosphère, le gradient de pression atmosphérique entre l'océan et la continent, etc.

Le 10 juillet : nouvel épisode pluvieux de grande ampleur à Cotonou. Ce vendredi fut une journée exceptionnelle quant aux précipitations. Inondations partout, pluies intenses de midi à 18h locales avec deux pics très intenses. Il y a eu 2 ou 3 victimes (noyées dans leurs habitations) et Cotonou a décrété l'état de catastrophe naturelle et sollicité l'aide internationale. De nombreux quartiers restent encore sous les eaux, et on craint des épidémies de palu et choléra... De fait, selon la mémoire de certains Béninois, c'est du jamais vu depuis... peut être 1984

Une partie du deuxième leg va consister à parcourir une radiale le long du méridien 10°W, de 3°N jusqu'à la bouée située à 10°S, en le ponctuant de mesures effectuées en station et en route. Ce parcours de près de 1500 km a été suivi de nombreuses fois depuis une vingtaine d'années, à l'occasion des campagnes Pirata, et tout spécialement pendant le programme EGEE. Il a en effet l'intérêt de couper l'équateur, en une zone où se manifeste la variabilité de l'upwelling équatorial et du transport zonal des masses d'eaux. Ces observations répétées sont donc très précieuses.
Au cours de ce parcours, l'Antea va traverser la "langue d'eau froide", masse d'eau de surface plus froide qui s'étend le long de l'équateur à partir du continent africain pendant l'été boréal. L'animation des cartes journalières de température de surface depuis le 1er juin 2009 montre son intensification au cours du mois.