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en direct du Golfe de Guinée
Le journal de la campagne EGEE 6

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Samedi 1er septembre

Sept des 10 membres de la mission scientifique sont arrivés à Cotonou vendredi soir. Deux étaient déjà présents et le dernier est arrivé du Nigéria en fin d'après-midi. Le temps est maussade voire mauvais sur Cotonou, avec ciel couvert toute la journée et pluie parfois violente dans la matinée. Après quelques complications liées aux autorisations d’accès au port, nous arrivons sur l’Antéa vers midi. Après le déjeuner, les différentes équipes et les membres de l’équipage mettent en place le matériel scientifique : labo de chimie, profileur de turbulence, chassis de la bathysonde, réseau informatique,...

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En fin d’après-midi, l’équipe scientifique se réunit pour un briefing général et l’organisation en quarts. La campagne se déroule en deux parties (« legs ») séparés par une escale de 2 jours à Cotonou. Au cours du premier leg, trois radiales nord-sud seront parcourues de part et d’autre de l’équateur, avec des stations (deux par degré de latitude) et des lancers de sonde XBT entre les stations. Le deuxième leg sera consacré à une seule grande radiale à 10°W avec les mêmes opérations, ainsi qu’à la mise à l’eau de mouillages courantométriques fixes

Dimanche 2 septembre

Retardé de quelques heures à la suite de divers problèmes, l’appareillage de Cotonou a eu lieu en début d’après-midi. L’Antéa fait route vers le sud-est pour rejoindre la première station de la radiale, qui devrait être atteinte au milieu d’après-midi demain lundi. Le temps est beau, avec un vent de 15 nœuds environ par le travers et une petite houle. Cette première journée de mer permet à certains de s’amariner, à d’autres de finir la mise en place de leur matériel lorsque les nécessités de l’amarrage à quai la rendaient impossible.

Lundi 3 septembre

L’Antéa a continué sa route à 10 noeuds environ vers le début de la radiale à 6°E, atteinte en milieu d’après-midi. La première station a permis de former ceux de la mission qui n’étaient pas familiers avec ces opérations, et les quarts vont maintenant se succéder à un rythme normal de 4 heures.

Mardi 4 septembre

Au cours de la nuit, le vent a fraîchi pour s’établir à 20-25 noeuds et la mer s’est un peu creusée. Sans être du « mauvais temps », cela a rendu plus difficile la vie et le travail sur l’Antéa qui fait route vent debout, cap au sud le long du méridien 6°E alors que le vent est SSW. Jusqu’en milieu d’après-midi où le vent est retombé, les mouvements du bateau ont empêché l’équipage et la mission de travailler dans de bonnes conditions, et ce d’autant plus que, assez logiquement, le mal de mer a atteint certains des scientifiques… L’acquisition des données se poursuit cependant sans problème. Le temps est toujours très couvert. De gros grains orageux ont été vus au loin, voire traversés pendant la nuit. Ils font partie d'une vaste zone nuageuse située dans le fond du golfe de Guinée, bien visible sur l'image satellite Météosat obtenue le 2 septembre par le canal infrarouge thermique. L'alignement de perturbations de nuages à fort développement vertical (cumulonimbus) y montre bien la position de la zone intertropicale de convergence au-dessus du continent, où elle est à l'origine de la mousson africaine étudiée par le programme AMMA.

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Mercredi 5 septembre

Au lever du jour, l’île de Sao Tomé est visible, à une trentaine de milles marins. C’est à sa pointe sud, plus basse mais cependant bien visible, qu’a été installée par l’IRD une station météo automatique dont les données sont très importantes pour l’étude des interactions entre l’océan et l’atmosphère dans le golfe de Guinée. Sa position très au large et juste sur l’équateur justifie son intérêt. La station effectuée ce matin est précisément sur l’équateur, que nous franchirons à chacune des deux autres radiales de ce premier leg d’EGEE 6.


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Sur la mer, rien de particulier n’est évidemment apparent le long de cette ligne. Et pourtant, les géographes et les navigateurs ont depuis très longtemps appris à la connaître, sans pour autant se douter à quel point les basses latitudes jouent un rôle essentiel pour les océans. C’est ce que montre l’histoire de ces observations et de leur interprétation.

 

Jeudi 6 septembre

La première radiale est terminée, l’Antéa fait maintenant route vers le début de la deuxième radiale, dont la première station sera atteinte demain matin. Pendant ce transit, seules des mesures allégées sont effectuées. La couche de nuages d’altitude et la position du soleil au zénith nous a offert, non loin de l’équateur, le spectacle d’un large halo d’arc-en-ciel autour du soleil, qui a progressivement disparu ensuite.

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Dans le golfe de Guinée, cette année 2007 est notamment marquée par une légère anomalie positive de la température de surface (moyennée sur le rectangle 5°E-15°W-0°N-3S). Comme 2006, mais à la différence de 2005, la température de 2007 (en bleu sur le graphique) y est un peu plus élevée que la moyenne climatologique, calculée sur une longue période. La prise en compte de la variabilité temporelle de l’océan est une des préoccupations majeures des océanographes, surtout lorsque les programmes sont liés à des enjeux de prévision climatique ou météorologique. Cela peut paraître évident aujourd’hui (s’il n’y avait pas de variabilité, il n’y aurait pas de problème de prévision), mais cela n’a pas toujours été le cas : il n’y a que quelques décennies que les chercheurs ont pu aller au-delà d’une description d’un état moyen de l’océan, pour en aborder la dynamique à différentes échelles de temps et d’espace. L’histoire de cette prise de conscience est évoquée dans les pages consacrées à l’évolution de la connaissance scientifique des océans.

 

Vendredi 7 septembre

La première station de la radiale à 3° E a eu lieu ce matin, et l’Antéa fait désormais route vers le sud pour traverser à nouveau l’équateur dans quelques heures. Une des raisons de la disposition des trois radiales de ce premier leg d’EGEE 6 (et de la quatrième radiale prévue au 2° leg) est en effet l’étude du sous-courant équatorial. Ce courant circule vers l’Est à quelques dizaines de mètres sous la surface, le long de l’équateur. Il transporte à travers tout le bassin atlantique une eau relativement salée provenant des latitudes subtropicales des deux hémisphères. Près de son origine (vers 35° W), c’est un courant rapide (environ 1 m/s) et profond (100 m), qui transporte de l’ordre de 20 millions de mètres cubes par seconde (soit 20 fois plus que le débit cumulé de tous les fleuves du monde). Arrivé dans le golfe de Guinée, il a ralenti (moins de 40 cm/s), s’est rapproché de la surface (une cinquantaine de mètres), et son débit a été réduit au moins de moitié. En réalité, cette partie du sous-courant équatorial est encore très mal connue : on sait peu de choses sur son extension vers l’Est, sur la variabilité saisonnière et interannuelle de son flux, et sur sa structure verticale. Or il joue un rôle clé en matière climatique car il apporte à proximité de la surface des eaux froides qui alimentent notamment l’upwelling équatorial dans le golfe de Guinée et donc la température de surface qui y règne ; celle-ci détermine à son tour les échanges entre l’océan et l’atmosphère et la répartition des pressions atmosphériques qui sont le moteur de la mousson africaine. Au-delà de la connaissance générale de ce sous-courant et des prévisions qui en sont faites par les modèles de l’océanographie opérationnelle (Mercator), les quatre radiales de l’Antéa apporteront des mesures in situ qui, en s'ajoutant à celles des cinq précédentes campagnes EGEE, permettront d’en affiner la compréhension.
Ce progrès de la connaissance n’est possible que grâce à l’ADCP, issu des spectaculaires avancées de l'électronique. Ainsi, après avoir été limitée pendant des siècles à des mesures ponctuelles, indirectes et souvent incertaines, l’histoire de la mesure des courants marins est entrée depuis les années 1980 dans une ère totalement nouvelle.


10° W


6° E

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Sections Nord-Sud établies début septembre par le système Mercator.
Les couleurs rouges indiquent une vitesse de courant portant vers l'Est. Le sous-courant équatorial est très visible à 10°W (rouge foncé), encore perceptible à 0° (orange), et inexistant à 6° E.

Dimanche 9 septembre

La deuxième radiale a été terminée hier après-midi et a été suivie de 24 heures de route vers le sud-ouest pour rejoindre à 5° S la première station de la troisième radiale, le long du méridien de Greenwich (0°). Beau temps samedi, mais ciel entièrement couvert dimanche, avec une petite houle.
Pendant ce transit, les mesures de l’ADCP ont fait apparaître un courant portant au sud, en relation avec une « onde d’instabilité tropicale ». Ces structures hydrologiques, qui résultent d’instabilités des courants équatoriaux, se traduisent par de larges ondulations (de 500 à 2000 km) de la limite entre les eaux refroidies par l’upwelling équatorial (au sud) et les eaux plus chaudes (au nord). Observées dans l’Atlantique comme dans le Pacifique, elles jouent notamment un rôle important dans les transports de chaleur entre masses d’eaux. Cette onde d’instabilité tropicale est bien visible sur l’image satellite de température de surface, entre l’équateur et 5° N jusqu’au nord des côtes brésiliennes.


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Lundi 10 septembre

La radiale le long de 0° (méridien de Greenwich) est entamée, mais le programme des opérations scientifiques a dû être allégé pour tenir compte du léger retard pris dans le déroulement prévu, et surtout pour faire en sorte que l’Antéa puisse être à quai à Cotonou vendredi dans la journée. En effet, quatre mouillages de courantomètres profonds devaient être effectués au cours de la campagne par nos collègues de l’Université de Miami. Le conteneur transportant ce matériel n’étant pas arrivé à temps, les plans de la campagne ont été modifiés pour qu’ils puissent être embarqués lors de l’escale entre les deux legs. Le porte-conteneur est bien arrivé à Cotonou, mais à présent il faut s’assurer que les formalités pourront être effectuées avant le week-end…, sinon le bateau ne pourra pas repartir lundi comme prévu.

L’Antéa fait donc route vers le nord, c’est-à-dire vent arrière : le confort de vie et de travail s’en trouve grandement amélioré, notamment dans le PC scientifique, où le travail sur ordinateur n’était pas facile ces derniers jours…


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Mardi 11 septembre

Aujourd'hui l'Antéa est passé par le point de latitude 0° (équateur) et de longitude 0° (méridien de Greenwich). Rien d'exceptionnel sur la mer à cet endroit... sauf la présence d'une des bouées météo-océanographiques du réseau PIRATA. Aucun remplacement de bouée n'était prévue pendant EGEE 6 (la campagne PIRATA 16 de juin dernier y avait été consacrée), mais une intervention était nécessaire à 0°-0° pour remplacer l'anémomètre et un des capteurs météo. Le zodiac du bord a donc été mis à l'eau pour déposer Jacques sur la bouée avec son matériel. Cette courte intervention a aussi été l'occasion de faire quelques photos de l'Antéa en mer, et de remonter à bord quelques thazards et dorades coryphènes, qui ont compensé les maigres captures des lignes de traîne depuis le départ de Cotonou...

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Le passage à proximité de l'équateur a aussi permis de faire une reconnaissance bathymétrique des secteurs où les deux mouillages courantométriques de nos collègues américains seront mis en place au cours du 2° leg de la campagne. Il s'agit en effet de définir les points de mouillage et de connaître très exactement leur profondeur, afin de préparer les différents câbles et lignes qui relieront le lest posé au fond et les courantomètres ADCP ; ceux-ci devront travailler à une profondeur sous la surface qui doit être déterminée à quelques mètres près. Le journal d'EGEE 6 reviendra plus en détail sur cette opération.

Mercredi 12 septembre

Les dernières stations CTD de ce premier leg d'EGEE 6 ont été faites aujourd'hui ; en effet, demaine nous traversons une partie de la zone économique exclusive du Ghana avant de sortir de la zone d'étude de la campagne. La bathysonde n'a pas pour autant été rangée puisqu'elle recommencera à servir dans quelques jours. C'est l'occasion de jeter un coup d'oeil à cet outil de base des océanographes physiciens, qui regroupe principalement trois outils :

Une série (ici 11) de bouteilles de prélèvement d'eau, tubes verticaux ouverts aux deux bouts à la descente, et fermés par commande informatique aux profondeurs désirées. Ce principe a été imaginé dès la fin du 17° siècle, mais les premières bouteilles vraiment efficaces ne sont apparues que dans les années 1900. Un robinet situé en bas permet de prélever les échantillons d'eau .
Une (ou deux) CTD, sonde électronique mesurant la conductivité électrique (dont on déduit la salinité), la température, et la pression (dont ondéduit la profondeur). Même si ces mesures doivent être calibrées par la suite, la CTD représente un des aboutissements de la longue histoire de la mesure de la température de la mer. Les mesures sont envoyées à bord en temps réel par le câble électroporteur.
Deux courantomètres acoustiques basés sur l'effet Doppler (LADCP), l'un orienté vers le haut, l'autre vers le bas. Leurs faisceaux inclinés détectent l'écho des particules dérivant dans la masse d'eau, dont ils calculent la vitesse et la direction ; les ADCP sont couplés aux appareils de navigation du navire, car ils doivent en déduire le déplacement propre.

Lors d'une station, l'ensemble est descendu à une profondeur qui dépend des objectifs de l'étude. Pour les campagnes EGEE, la profondeur de la plupart des stations est de 2000 m ; mais comme c'est la couche mélangée de surface qui est la plus importante pour les échanges avec l'atmosphère (donc pour le rôle climatique de l'océan), les bouteilles sont fermées à 2000, 1000, 600, 100, 80, 60, 40, 20 et 10 mètres, ainsi qu'en surface.

 

Vendredi 14 septembre

L'Antéa est arrivé à quai à Cotonou en début de matinée. La grande question est de savoir quand et comment pourra être chargé le matériel des deux mouillages courantométriques qui seront déployés pendante le deuxième leg. La place attribuée à l'Antéa n'est finalement pas au quai où attendent les deux conteneurs de matériel : il va donc falloir organiser leur déplacement : les charger sur des camions, les faire sortir de l'enceinte portuaire pour y rentrer à nouveau par une autre porte,..., le tout impérativement avant la fin de la journée car demain c'est le week-end, et le bateau doit appareiller dimanche ! La journée se passe donc en formalités diverses (autorisations de débarquement, douane, etc), alors que le port de pêche est en pleine activité, avec des pirogues qui passent sans cesse à proximité de l'Antéa.
Avant d'arriver (jeudi après-midi), nous avons fait la traditionnelle photo de la mission, avec l'équipage presque complet :

Samedi 15 septembre

Finalement, les deux camions sont arrivés hier en toute fin d'après-midi : ouf ! L'embarquement du volumineux matériel des mouillages courantométriques a pris toute la matinée : lests, rouleaux de câbles, différents types de flotteurs, équipement scientifique (courantomètres ADCP). Tout s'est bien déroulé ; il ne restera plus qu'à assembler les éléments des deux mouillages pendant le transit jusqu'à la première station de la radiale à 10°W.

 

dimanche 16 septembre

Fin de l'escale à Cotonou.

Nous avons appareillé à 22h15, dès l'embarquement des derniers marins assurant la relève d'équipage.
Certains d'entre eux ont fait une escale à Abidjan, et malheureusement les valises n'ont pas suivi. Solidarité aidant, une cocasse "foire au prêt" de vêtement s'est organisée : qui prête un pantalon, qui une chemise etc... Bonne humeur assurée !

lundi 17 septembre

08h00 : L'Antéa se situe par 5°31 N et 1° 33 E. Nous faisons route au 230 et file 9 noeuds afin de rejoindre le début de la radiale situé par 5° S et 10° W.
Beau temps avec ciel légèrement couvert et vent faible de secteur Ouest. Tout le monde est soulagé de démarrer ce leg avec de si bonnes conditions de navigation.

mardi 18 septembre

Aujourd'hui ont eu lieu les réglementaires exercices de sécurité, qui comprennent notamment les redoutés essais de combinaisons de survie !

Il a fallu intervenir sur un touret pour remettre dans le bon sens le câble en place; cette corvée réalisée à la main s'est achevée dans l' après midi juste avant qu'une averse tropicale ne vienne apporter une agréable fraîcheur tout en décorant de perles les bouées des mouillages.


Le vent ayant un peu forci dans la soirée, quelques estomacs sensibles ont été mis à l'épreuve.
Nous avons ensuite croisé un grain à 25 noeuds vers 02 heures, heureusement de courte durée.

 

mercredi 19 septembre

08h00 : l'Antea se situe par 1°22 N et 3°38 W, cap au 235 à 8 noeuds. Un courant contraire voisin de 2 noeuds ralentit depuis 24 heures la progression du navire vers sa destination.
En conséquence, dès hier midi, le chef de mission a décidé de mettre le cap sur 3° S et 10° W au lieu des 5° S et 10° W initialement programmés. En sacrifiant ainsi une partie du trajet (environ 220 milles nautiques), il maintiendra la mission dans le calendrier prévu.


Le travail à bord se déroule normalement, constitué dans ces phases de transit :
- de prélèvements de surface,
- de vérification du matériel (vérification du fonctionnement de l'émission d'un ADCP 150 kHz : des microphones sont ici posés sur 2 des 4 faces actives des émetteurs de l'ADCP)


Ce matin la mer s'est un peu calmée : toute l'équipe semble avoir retrouvé la forme et s'est remise au travail.

 

jeudi 20 septembre

Mer belle par 0°31 S et 6°22 W.
L'équateur a été franchi à 02 heures ce matin.
Un courant moins fort permet à l'Antéa de filer à 8,6 noeuds vers le début de la radiale (3° S, 10° W).

La journée d'hier a été consacrée aux lancements d'XBT et prélèvements de surface devenus routiniers quoiqu'un peu plus rapprochés les uns des autres maintenant. Un espace de 3 heures sépare chaque opération (au lieu de 5 heures précédemment).

Les préparatifs de mouillages sont allés bon train et il y avait beaucoup de mouvements sur le pont, mouvements orchestrés par André Normand le bosco dit "Dédé" et par Marc Graham expert américain du type de mouillage qui va être déployé. Et on fait des mesures sur le pont, et on coupe de la chaîne, et on combine les manoeuvres, et on revoit toutes les questions de sécurité... un gros boulot... Ces mouillages sont destinés à mesurer en continu et enregistrer les courants horizontaux dans la couche superficielle de l'océan. Ils comportent donc un (ou deux) courantomètre(s) acoustique(s) ADCP positionné(s) à une certaine distance (100 m ou 300 m selon le modèle) sous la surface par un gros flotteur ; un lest et des flotteurs intermédiaires complétent l'ensemble (voir le plan schématique d'un mouillage)

Ce travail s'est poursuivi par un premier briefing général au PC scientifique. Il réunissait le Commandant Robert Stéphan et son second, le chef de mission et les scientifiques (français, ivoirien, américains et allemand), le bosco et les marins concernés par la manoeuvre de mouillage. Une bonne heure a ainsi été consacrée à informer tout le monde. Les constituants du mouillage ont été détaillés, les manoeuvres prévues sur le pont bien décrites de même que la procédure de mouillage. Nous reviendrons en image sur cette manoeuvre qui devrait se dérouler samedi.

Vendredi 21 septembre

L'Antéa se situe par 2° 34 S et 9° 21 W, soit à 41 milles nautiques du début de la radiale sur 10 W : nous y serons dans environ 5 heures... Chacun est excité à l'idée de très bientôt entamer des opérations à le mer plus complexes, plus coûteuses et temps et en énergie.
La première opération de sonde CTD de ce second leg EGEE 6 aura lieu vers 14 heures cet après-midi.

Une partie de la journée d'hier a été consacrée à la formation au maniement de cette sonde. Comment préparer la sonde, armer les bouteilles de prélèvement, lancer les programmes d'acquisition ADCP, récupérer les données une fois la sonde revenue sur le pont etc... Les protocoles de prélèvement d'eau des bouteilles de la sonde pour les différents types d'analyse (essentiellement salinité, sels nutritifs et oxygène dissous) ont également été décrits : épreuves pratiques dès cet après-midi donc !

Pendant ce temps les préparatifs du mouillage se sont poursuivis, avec tests des sondes, et tests des appareils de repérage du mouillage. En effet ces mouillages ne seront pas apparents en surface. Pour les récupérer, il faut libérer le lest et le mouillage remonte alors en surface. A ce moment, il est important de pouvoir les repérer. C'est pourquoi des moyens lumineux et radio sont mis en oeuvre : c'est leur fonctionnement qui a été testé hier.

Samedi 22 septembre

Le bateau est par 0°59 S et 10 W, remontant vers le nord au rythme des lancers d'XBT et des sondes CTD.
Un vent arrière modéré (<10 noeuds) accompagne le bateau qui est très confortable sous cette allure. Dans ces conditions, chacun apprécie l'excellente nourriture préparée par le cuisinier du bord.

Dès la première sonde CTD, les opérations se sont parfaitement déroulées, grâce bien entendu à la formation dispensée hier.

Quelques baleines nous ont salué de loin hier matin, succédant à un groupe présumé de cachalots aperçu la veille en fin d'après-midi.



Et bien sûr les préparatifs du mouillage continuent. Pas mal de difficultés pour enfiler une structure de protection dans une bouée ont occupé scientifiques et équipage un bon moment ! Cette bouée est constituée de 2 hémisphères qui n'étaient pas parfaitement alignées, empêchant d'enfiler au travers les tiges d'une structure de protection... Et on retourne la bouée, et on tente d'aligner les hémisphères à l'aide d'un bastaing, puis à l'aide d'une barre à mine, puis finalement on décide d'utiliser la grue, puis etc... Bel exemple d'application de la loi de Murphy. Finalement, à force d'ingéniosité, la pièce récalcitrante a pu être mise en place. Il n'a pas fallu 1/4 de seconde pour la fixer définitivement... Ouf...


Dimanche 23 septembre

La journée d'hier était attendue par tous... le mouillage, enfin le mouillage !!!

13 heures 30 GMT, près de 0° 45 S et 10 W, la première bouée du mouillage est à l'eau. C'est la seule instrumentée et aussi celle qui sera la plus proche de la surface ( 200 mètres sous le niveau de la mer).
Elle ne sera donc pas visible, contrairement aux bouées Atlas des mouillages PIRATA qui elles flottent en surface.

Mettre en place un mouillage est coûteux et demande donc beaucoup de précautions pour qu'il soit bien réussi .
Nous avons vu une partie des préparatifs à bord ces derniers jours, mais il faut savoir qu'ils ne sont que la suite de plusieurs mois de préparation et vérifications à terre ! Ces préparatifs ne sont cependant pas suffisants, car sur place encore faut-il avoir une bonne idée de la topographie du fond. Il est en effet impératif de poser le lest dans une zone assez plate, permettant de calculer au mieux la longueur de la ligne de mouillage qui sera filée.
Ceci nécessite de faire une prospection bathymétrique préalable en suivant un parcours très précis. Dans le cas de ce mouillage, cette prospection n'était pas superflue : les fonds dans la zone sont proches de la dorsale Atlantique et sont très tourmentés comme on peut le constater à l'écran du sondeur bathymétrique.

Sous la première bouée sont mouillés des chapelets de bouées plus petites qui ont pour objet de tendre la ligne de mouillage. Deux largueurs acoustiques complètent la partie du mouillage qui sera relevée dans 18 mois. Enfin, la partie la plus dangeureuse consiste à mouiller le lest qui maintiendra en position fixe le mouillage.
Ce n'est pas mince affaire de le déplacer sur le bateau : il est constitué de roues de chemin de fer et pèse 2 tonnes. Ce n'est pas non plus une mince affaire que de le mettre à l'eau, même lorsque la mer est calme comme c'était le cas cette fois. La durée d'une telle opération avoisine 12 heures !

Bien sûr les opérations de lancer de XBT et les stations CTD se poursuivent maintenant en routine. Les chimistes embarqués ont bien du travail pour mesurer la salinité et doser l'oxygène dans les échantillons qui arrivent à bord à un rythme soutenu.

Demain dimanche, nous retraverserons l'équateur sur 10° W, à l'endroit précisément où est mouillée une boués Atlas du réseau PIRATA. Elle sera inspectée rapidement, et chacun à bord espère pêcher un poisson à proximité (les bouées en effet concentrent les poissons pélagiques tels que thons, coryphènes, tazards...etc). Vivement demain pour peut-être une petite séquence pêche, et pour sûrement un second mouillage de sub-surface !

Lundi 24 septembre

Après une station CTD réalisée en fin de nuit, le bateau s'est trouvé vers 7h30 par 0° S et 10° W, emplacement où est mouillée une bouée Atlas du réseau PIRATA. On n'avait jamais vu autant de monde sur le pont à une heure si matinale : qui dit passage près d'une bouée, dit passage près d'une concentration de poissons ! Le tableau arrière de l'Antéa s'était pour l'occasion décoré de 7 lignes à thons terminées par de redoutables hameçons à 2 crocs longs d'une dizaine de cm et garnis de filasse colorée. Personne n'a été déçu car en effet le poisson abondait. Trois ou 4 passages près de la bouée ont regonflé le moral de l'équipe et avitaillé la cambuse en coryphènes et tazards, puis le bateau a repris sa route toujours par mer d'huile.

Second mouillage prévu par 0°45 N et 10° W. Les opérations se déroulent tout à fait normalement, avec moins d'hésitations que la première fois qui avait servi d'école. Et filent bouée instrumentée, câbles, chapelets de bouées intermédiares, largueurs acoustiques, et enfin lest de 2 tonnes. Malheureusement, la traction exercée sur le câble par la descente du lest a provoqué la rupture d'un manchon de terminaison de câble... En fait, c'est le premier manchon situé juste en dessous de la bouée instrumentée qui a cassé.

La bouée instrumentée est remontée et a été récupérée avec ses appareils (ADCP, sonde Sea-Bird), mais le reste du mouillage est resté au fond de l'océan. N'ayant pas de lest de rechange à bord du bateau, il était inutile de provoquer cette fois l'ouverture des largueurs acoustiques pour récupérer le reste du mouillage et en préparer un autre dans la foulée. La récupération sera faite ultérieurement, lors d'une prochaine campagne.

Ainsi ce dimanche fut partagé entre le plaisir de la pêche et la profonde déception d'un mouillage non réussi...


Mardi 25 septembre

Le bateau est en transit vers Cotonou depuis hier après-midi. Situé actuellement par 3°05 N et 5°59 W l'Antea file pratiquement 11 noeuds, vent et courant aidant. Éole nous est favorable, nous gratifiant d'une mer belle sur laquelle nous glissons en harmonie.

La dernière sonde CTD a été effectuée hier (lundi 24) en début d'après midi, sonde aucours de laquelle les 11 bouteilles ont toutes été fermées à 2 000 mètres. Cette opération a pour but d'obtenir des réplicats pour valider la qualité des mesures chimiques faites sur les échantillons. Depuis, la rosette a été nettoyée et attend sur le pont ses prochains utilisateurs. Dans le laboratoire sec règne désormais un grand calme avant d'être réveillé par la prochaine mission : la vaisselle sèche dans le laboratoire de chimie, les flacons de prélèvement sont remisés dans leurs caisses, les postes d'analyses d'oxygène et de salinité sont désertés, l'étuve est vide... : la fin de mission EGEE 6 est proche !

Tout le monde à bord bien sûr est frustré et souhaite connaître les causes de l'échec du second mouillage. Le manchon fautif de la rupture du câble du mouillage a été stocké pour expertise. C'est un manchon similaire à celui présenté ci-dessous avec un rapide schéma de sa structure. Le sertissage du câble dans son logement métallique, fait à la presse et ensuite testé, aurait néanmoins été défectueux. Sous la traction exercée par le lest en chute, le câble a glissé dans son logement, provoquant donc la rupture de la ligne de mouillage. Or, d'après les scientifiques américains, la résistance de ce sertissage est supposée supérieure à celle du câble. Pas de chance cette fois-ci donc ...

 

Mercredi 26 septembre

Le bateau est maintenant par  4° 30 N et 2° 17 W, à seulement 300 milles du port de Cotonou. Les activités scientifiques de transit se poursuivent, avec lancers réguliers de XBT et XCTD. Quelques prélèvement de surface restent aussi au programme.

L'heure n'est plus donc au déploiement fébriles et vérifications minutieuses du matériel,  aux intenses préparatifs d'activités scientifiques, mais bel et bien, et avec déjà un peu de nostalgie, au nettoyage, début de rangement du matériel, sauvegardes de données. Heureusement le début des traitements des informations recueillies redynamise les scientifiques, qui savent que cette campagne leur donnera de longs mois de travail d'analyses puis de publication des résultats... Ils savent aussi que leur travail enrichira les résultats obtenus lors des précédentes campagnes EGEE et, au delà, apportera une contribution inestimable au vaste projet AMMA dont EGEE n'est qu'un élément.

Jeudi 27 septembre

L'Antéa n'est plus qu'à quelques encablures du port de Cotonou que nous toucherons cet après-midi. EGEE 6 se termine vraiment. Jacques Grelet, le chef de mission, a rassemblé une dernière fois sur la plage arrière tout le personnel embarqué pour un pot qui fut l'occasion de remerciements pour le travail de tous et de chacun.
Merci à l'équipage de l'Antéa, son commandant Robert, Daniel et Bruno à la passerelle, Marc, Ronan et Patrick à la machine, au cuisinier Yvon et au maître d'hôtel Reynald qui nous ont régalés, au bosco Dédé et à tout l'équipage pour tous les efforts qu'ils ont prodigués lors de cette campagne !

 

 
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