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La campagne EGEE 1 en direct

 

Mardi 7 juin
Mercredi 8 juin
Vendredi 10 juin
Samedi 11 juin
Dimanche 12 juin
Lundi 13 juin
Mardi 14 juin

Mercredi 15 juin
Jeudi 16 juin
Vendredi 17 juin
Samedi 18 juin
Dimanche 19 juin
Lundi 20 juin
Mardi 21 juin

Jeudi 23 juin
Samedi 25 juin
Dimanche 26 juin
Mardi 28 juin
Mercredi 29 juin
Jeudi 30 juin
Vendredi 1° juillet

Mardi 5 juillet
Mercredi 6 juillet







Jeudi 23 juin

Vers minuit, nous sommes passée au large du Togo : on distinguait au loin les lueurs de Lomé et sur l'eau quelques pirogues de pêche à peine éclairées. Arrivée à Cotonou (Bénin) à 7h du matin, attente du bateau "pilote" pour entrer au port, amarrage à quai vers 9h, attente des autorités douanières, autorisation de débarquer vers 11h... Cette escale a été l'occasion de "marquer le coup" : un navire de recherche à Cotonou, ça n'arrive pas tous les jours ! L'IRD a donc organisé une réception officielle à bord, en présence de l'ambassadeur de France, des autorités béninoises (dont deux ministres et le chef des armées), du représentant de l'IRD au Bénin M. Lamizana, et des représentants et responsables du programme AMMA au Bénin, dont C. Peugeot (IRD, hydrologue) et A. Afouda (Université du Bénin), etc.
Au cours de la réception, la campagne EGEE et le programme AMMA ont fait l'objet d'une présentation sur la passerelle. Cela a permis de mieux informer les autorités béninoises du programme et de ses enjeux, et peut être faciliter l'organisation de la grande expérience de mesures de 2006 (problèmes de transports, de douanes...) et aussi de collaborations potentielles.


La campagne EGEE dans la presse locale (quotidien "Le Matin")
Lire l'article

L'escale à Cotonou fut courte mais utile... Elle a été l'occasion de faire une vérification de la coque et de l'hélice (nettoyage potentiel). Par ailleurs, on a enfin pu régler certains problèmes non éclarcis en ce qui concerne l'expédition du matériel après la campagne et surtout son stockage entre les deux campagnes EGEE.


Samedi 25 juin

Nous voilà repartis, pour le deuxième "leg" (partie) de la campagne EGEE 1, qui va se dérouler dans la partie Est du Golfe de Guinée.
Avec des vents supérieurs à 20 nds, on se traine encore un peu... J'ai réduit autant que possible la résolution spatiale des stations et suis sans doute sur le point de devoir aussi en supprimer le long de la section 6°S entre 3°E et Pointe Noire (Congo). Autre éventuel changement de programme à décider dès ce soir : la récupération d'un mouillage en dérive. Il s'agit d'un mouillage Ifremer comportant des pièges à sédiments profonds, qui dérive depuis bientôt 2 mois et se trouve à 100-120 km de notre route. Il contient du matériel de valeur, et sera définitivement perdu s'il continue à dériver, car la balise Argos tombera en panne de batteries et il ne sera plus possible de le localiser, sans compter le danger que cela peut représenter pour la navigation.
Cet après midi et ce soir, j'ai donc été en communication téléphonique avec Brest pour savoir comment s'arranger si on déroute la campagne pour aller chercher ce mouillage. S'il avait été plus loin j'aurais renoncé, mais nous pourrons prolonger de 12 heures la campagne (arrivée le 5 juillet dans la matinée). De fait, vu le détour et le retard déjà accumulé, j'ai été en conséquence contraint de modifier "quelque peu" notre programme...


Dimanche 26 juin

Nous avons donc changé de cap hier soir à 22 h et allons droit au SSW sur le point 1°30 S-1°50 E au lieu de rester à 2°50'E. Nous traverserons donc l'équateur "en biais" et tenterons demain midi de récupérer le mouillage (j'aurai les dernières positions Argos ce soir et demain matin, transmises soit par mail soit par téléphone ou fax). Le mouillage a un émetteur Argos ; quand nous serons sur zone, on pourra aussi le repérer à faible distance avec une "gonio", puis aux jumelles et à l'oeil nu ! Si on ne le trouve pas au bout de 2 heures, on repartira en faisant un cap vers le SSE cette fois ci pour aller à 4°30'S-2°50'E. Nous ferons alors la radiale du sud du Golfe de Guinée à 4°30'S au lieu de 6°S comme initialement prévu. De fait, même si nous n'avions pas eu ce contre-temps, nous aurions pu parcourir 6°S mais sans faire de CTD. Nous ferons donc la 4°30'S avec des profils CTD...
J'avais choisi initialement 6°S car nous l'avions faite pendant la campagne EQUALANT en 2000, et elle permettait notamment de suivre l'évolution vers l'est du Sous-Courant Equatorial Sud, situé vers 200-300m de profondeur. Nous ferons donc 4°30'S que nous avons déjà faite pendant la campagne CITHER 1, en janvier 1993, avec pour chef de mission A. Morlière (qui est à bord en ce moment), chef de projet C. Oudot et nos collègues du LPO/Ifremer comme responsables des mesures de physique. Nous referons donc les profils CTD exactement aux mêmes endroits, 12 ans 1/2 après !


courants de surface
(20-40 m)

courants de subsurface
(40-100 m)

courants sous la thermocline
(100-200 m)

Voici les cartes de courants qui résultent des mesures de la première partie de la campagne : on remarque un fort courant vers l'est au niveau de l'équateur, surtout dans la couche intermédiaire (40-100 m), dite aussi couche termoclinale car c'est là que la température diminue très rapidement avec la profondeur (thermocline). Ce courant portant à l'Est est le sous-courant équatorial, qui transporte depuis le large des côtes du Brésil des eaux remarquables par leur forte salinité. Ces eaux proviennent en grande partie des zones tropicales et principalement de celles de l'Atlantique sud (anticyclone de Ste Hélène), où se produit une forte évaporation et où donc des eaux fortement salées donc plus denses "plongent" en profondeur et forment ces eaux que l'on retrouve ensuite en profondeur à l'équateur.
Ce courant se voit très bien à droite du graphique de la section 2°N -10°S effectuée pendant la campagne le long du méridien 10°W (en rouge sur la carte ci-dessous)


cliquer sur la carte pour agrandir


Mardi 28 juin

Nous sommes donc partis hier après-midi à la chasse au mouillage en dérive. La recherche a duré 3 à 4 h, avec une perte de temps due à une position Argos erronée, pour finalement retrouver la bouée aux jumelles, mais n'en récupérer que la tête de mouillage…, avec rien au bout ! C'est alors qu'il faut être un peu philosophe : on a fait ce qu'il fallait. Si nous n'avions pas persévéré, nous serions restés dans le doute... et nos collègues de l'Ifremer propriétaires du mouillage encore plus ! Au moins on sait maintenant que le matériel est resté au fond de l'océan à 3600 m de fond au large du Congo et qu'on ne le reverra sans doute jamais.
Quant à nous, on aura une section 6°S déplacée à 4°30S et une section 2°50'E au trajet biscornu... ceux qui ne connaitront pas l'histoire risquent de se poser des questions quand ils verront cette trajectoire !
Cela aura aussi été l'occasion de voir un magnifique couple de coryphènes...



Mercredi 29 juin

Le changement de programme dû à la recherche du mouillage perdu nous a obligés à faire route le long du parallèle 4°30S au lieu de 6°S comme prévu : en conséquence, au lieu d'arriver dans les eaux sous juridiction congolaise nous arriverons dans les eaux du Gabon. Or les autorités gabonaises n'ont toujours pas répondu à notre demande d'autorisation de travail, demande envoyée en décembre 2004 ! C'est d'ailleurs presque toujours le cas : on obtient les autorisations à la dernière minute si on ne connait pas quelqu'un sur place pour accélérer les processus… Donc pour l'instant les responsables de Genavir et Ifremer font leur possible pour débloquer la situation, et on aura la réponse demain matin. Sans les autorisations, on ne peut absolument rien faire, même pas les mesures de routine en route par les appareils du navire (ADCP, thermosalinographe ou lancers de sondes XBT) ; pourtant dans de nombreux cas c'est toléré, notamment dans le cadre de l'océanogaphie opérationnelle avec les navires marchands !
En attendant la réponse, nous allons améliorer la résolution horizontale des stations CTD dans les eaux internationales.


analyses de salinité à partir des échantillons prélevés dans les bouteilles


Jeudi 30 juin

Hier soir et cette nuit, pessimisme ambiant après quelques coups de fils et réception d'un message de l'ambassade de France à Libreville spécifiant que si l'accord des autorités gabonaises n'était pas arrivé ce matin à 9h locales, on ne pouvait faire aucune mesure, même en continu. Du coup, j'ai étudié un plan de rechange au cas où, et envisagé une ligne directe vers Sao Tomé le long de 6°30'E avec des stations CTD tous les 1/2 degrés… Nuit courte. La dernière station en eaux internationales a eu lieu à 4h30 du matin, puis le bateau a fait des "ronds dans l'eau" en attendant les nouvelles.
9h30 : le commandant reçoit des informations plutôt pessimistes
9h50 : le coup de téléphone libérateur arrive : nous avons l'autorisation ! Avec 5 h de retard supplémentaires, on peut repartir... mais avec le droit de faire des stations avec la bathysonde.

En savoir plus : carte des Zones Economiques Exclusives
des pays riverains du Golfe de Guinée

CI : Côte d'Ivoire
GH : Ghana
T : Togo
B : Bénin
N : Nigeria
CA : Cameroun
GE : Guinée Equatoriale
STP : Sao Tomé et Principe
GA : Gabon
CO : Congo



Vendredi 1° juillet

Depuis hier, on s'est d'abord dirigé vers le plateau continental du Congo, en alternant des profils XBT et des CTD aux points faits pendant la campagne Cither 1 (janvier-mars 1993), jusqu’à 15 h sur des fonds de 100m; puis virage au cap 310, c'est à dire vers le Nord Ouest en direction de Sao Tomé. On se retrouve alors avec le courant et pour la premère fois on atteint la vitesse de 11 nœuds !... Ces derniers jours, comme souvent depuis le début de cette campagne, nous avions courant (assez fort de 1,2 nd en moyenne) et vent (entre 10 et 19 nds) contre nous et ne dépassions pas 8,7 à 9 nds de vitesse... Vers 16h20, on s’éloigne un peu de la pente continentale vers le large, afin de gagner des fonds de 300 m pour avoir des mesures de courant sur l’ensemble de la portée de l’ADCP de coque (jusqu'à 300 m à peu près), et ainsi vérifier si il existe un sous-courant sur zone.
On a pu dans la journée constater des nappes fines d’hydrocarbure organisées en filaments, sur lesquelles la mer est aplatie. La région est en effet productrice de pétrole et il y a de très nombreuses plate-formes pétrolières sur tout le plateau continental qui va de l'Angola au Nigeria en passant par le Congo et le Gabon.


La proximité de l'estuaire du fleuve Congo se traduit par l'observation de branchages et, ce matin, d'une "île flottante" : tas de végétation flottante, avec herbes, branchages, organisées comme une île. Du fait de l'influence du fleuve, l'eau est de couleur assez sombre, et peu salée : après l'Amazone, le Congo est le deuxième fleuve du monde pour la décharge d'eau douce en mer ; les deux se retrouvent dans l'Atlantique Tropical, ce qui lui donne encore une particularité supplémentaire !
Encore le matin, puis l’après midi, des baleines et un requin ont été vus.
A 22h45 TU, nous sommes à 3°51 S - 10°13 E, et la température de l'eau est de 20,861°C ; celle de l'air n'a rien à envier à celle de Brest : 21,1°C. Vent faible vers le NNW, courant de surface vers l'ouest. Quant à la salinité, elle est désormais de 35.714, ce qui signifie que nous ne sommes plus sous l'influence du Congo alors que nous en sommes proches : les eaux légères (car peu salées) du Congo sont entraînées vers le large avec le courant et l'effet du vent venant du Sud (qui dévie donc les eaux de surface vers la gauche suivant la fameuse force de Coriolis... nous sommes dans l'hémisphère sud !) Les eaux froides de surface proviennent de la profondeur : c'est un "upwelling" côtier. Comme le vent entraîne les eaux de surface vers le large, il faut bien qu'elles soient remplacées et donc cela "aspire" des eaux plus profondes et donc plus froides, mais aussi riches en éléments nutritifs, donc a priori poissonneuses! De fait, on a croisé de nombreux bateaux de pêche cet après midi sur des fonds de 100 m.
A suivre.... demain traversée entre le Gabon et Sao Tomé.


Les résultats s'accumulent sur le
tablau mural du PC scientifique

Le traitement des données
commence pendant la campagne elle-même

 

 
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