Sao IRD Bretagne - EGEE 2 - journal
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Le journal de la campagne EGEE 2 - 2° partie

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EGEE 2


la route du Suroît

Journal de
la 1° partie

mardi 20 septembre
mercredi 21 septembre
jeudi 22 septembre
vendredi 23 septembre
dimanche 25 septembre
lundi 26 septembre
jeudi 29 septembre









 


Mardi 20 septembre : début du 2° "leg"

Le navire a appareillé hier en fin d’après-midi à 18h30. Nous nous dirigeons plein sud vers l’équateur. Il a fallu faire très attention car de nombreuses pirogues partent pêcher au large de nuit. Ces pêcheurs ne sont pas visibles sur le radar du bord. Ils allument au dernier moment une lampe à pétrole dont le scintillement permet de les repérer. Ces pirogues s’éloignent parfois jusqu’à 30 milles des côtes.

Les travaux ont débuté 3h30 après notre départ avec la station CTD n°27. Nos collègues Béninois et Nigériens ont apporté les autorisations de travail dans les zones économiques de leur pays ce qui nous permettra de réaliser notre programme dans son intégralité.

Le temps est au beau et les nouveaux embarquants n’ont pas eu de problèmes pour s’amariner. Le vent, autour de 15 nœuds, souffle du sud-ouest et nous l’avons donc légèrement de travers. Le navire a une vitesse de 8 nœuds par rapport au fond alors que nous comptons sur une vitesse de 9 nœuds pour effectuer l’ensemble des travaux. Mais une variation du courant de surface ou du vent peut rapidement modifier cette vitesse.


Mercredi 21 septembre

La mission suit son cours sans problèmes. Les stations hydrologiques et les tirs XBT se poursuivent à un rythme régulier.

Nous nous approchons de l’équateur que nous atteindrons demain dans la matinée. Nous allons pourvoir mesurer l’intensité du Sous Courant Equatorial. Ce courant s’écoule le long de l’équateur vers l'est (de l’Amériques vers l’Afrique). Il s’écoule entre 50 et 100 m de profondeur sur une largeur de 300 km et transporte des masses d’eau très importantes, de l’ordre de 30 millions de mètre cube par seconde (à comparer au débit de l’Amazone de l’ordre de 0,2 millions de mètre cube par seconde).

4 bonites ont été pêchées à la traîne cet après-midi et 4 thazars ce soir. Des lignes sont constamment à l’eau à l’arrière du navire. Tout le monde apprécie le poisson frais à bord !


Jeudi 22 septembre

Nous avons atteint l’équateur à 4 h ce matin. L’équipe de quart a effectué une station jusqu’à 2000 m de profondeur afin que nous puissions comparer les mesures de la CTD avec celles effectuées par le profileur PROVOR (ARGO) qui a été déployé après la station. Ces flotteurs qui effectuent des profils entre les surface et 2000 m de profondeur, tous les 10 jours, ont une autonomie de 3 ans. Il est donc indispensable de disposer de mesures indépendantes pour contrôler leurs mesures.

Au poste de suivi de la bathysonde (photo de gauche), l’opérateur, ici Claudie Marec de l’INSU-Brest, surveille le bon fonctionnement de la CTD au fur et à mesure de sa descente et sa remontée. Les profils de température, salinité, et oxygène dissous s’affichent en temps réel. Les données sont enregistrées directement sur le PC. A la remontée, Claudie ferme les bouteilles hydrologiques à des niveaux prédéfinis. Son collègue de quart, Remy Chuchla de l’IRD, aide un marin du Suroît lors de la remontée de la bathysonde sur le pont (photo de droite). La station aura duré 1h30 et les prélèvements peuvent débuter, dans un ordre précis.

Au repas de midi nous avons pu manger les thazars péchés la veille. Fameux !


Vendredi 23 septembre

Nous avons atteint à 16 h la position la plus sud (4°S) de la section que nous suivons depuis Cotonou. Nous virons sur bâbord pour rejoindre l’équateur devant les côtes du Gabon. Avec un vent de 15 nœuds sur le travers arrière le navire accélère pour atteindre les 9,5 nœuds.

Les stations continuent à un rythme régulier. Tous les instruments fonctionnent correctement et nous continuons d’engranger des échantillons d’eau de mer qui sont analysés en laboratoire. Ces échantillons, effectués lorsque la bathysonde revient sur le pont, sont prélevés dans un ordre précis qui dépend de la sensibilité à l’atmosphère du composant que l’on désire analyser. Ainsi durant cette campagne l’ordre des prélèvements est le suivant :

1 échantillons pour l’analyse de l’hélium
2 échantillons pour l’analyse de l’oxygène dissous
3 échantillons pour l’analyse des paramètre du CO2 (gaz carbonique)
4 échantillons pour l’analyse des sels nutritifs (nitrate, phosphate, silicate)
5 échantillons pour l’analyse de la salinité.

Les échantillons d’hélium seront analysés à terre par Monika Rhein, qui collabore au programme EGEE, à l’Université de Brème en Allemagne. L’hélium se comporte comme un traceur passif : comme il ne subit pas de transformation dans l’eau de mer, les différences de concentration permettent de suivre l’évolution des masses d’eau, et en particulier de leurs mouvements verticaux (upwellings).

Les échantillons sont prélevés dans des tubes en cuivres qui sont fermés hermétiquement à chaque extrémité une fois le prélèvement effectué. Une fois le tube de cuivre raccordé à la bouteille hydrologique on laisse s’écouler l’eau de mer quelques minutes, et on tapote aussi le tube avec un marteau afin d’évacuer les bulles d’air. L’extrémité extérieure du tube est d’abord compressée, puis la partie inférieure. Les tubes sont soigneusement étiquetés puis stockés dans des caisses en bois qui seront expédiées à Brême à la fin de la campagne.

 


Dimanche 25 septembre

Dimanche à bord : nous avons, comme à terre, des viennoiseries au petit déjeuner. Le déjeuner est aussi l’occasion d’avoir un repas amélioré. Un vrai dimanche !

Hier à 14 h nous avons déployé le dernier flotteur Provor. Ces instruments magiques permettent aux océanographes d’avoir une image en temps réel de l’océan entre la surface et 2000 m de profondeur, ce que ne permettent pas les satellites. Ces appareils bourrés d’électronique fonctionnent sur un principe simple : la poussée d’Archimède. Un petit sac externe au tube du flotteur se vide ou se remplit d’huile suivant que l’on veut le faire plonger ou remonter. La mise à l’eau est des plus simple : il suffit d’enlever un aimant qui déclenche la mise en marche de l’appareil. Ensuite nous contrôlons que l’émission des données par le système ARGOS fonctionne correctement. Il suffit ensuite de mettre l’engin à l’eau qui vivra sa propre vie pendant environ 3 ans, en effectuant des profils de température et salinité tous les 10 jours.

Nous avons atteint les côtes du Gabon vers 22 h, nous faisons route maintenant vers l’ouest et l’île de Sao Tome le long de l’équateur. Avec un peu de chance nous rencontrerons le Sous Courant Equatorial dans sa marche vers l’est.


Lundi 26 septembre

Vers 18 h nous longeons l’île de Sao Tomé qui se trouve sur l’équateur à 6°30’E. C'est au sud de cette île que l’IRD a installé en 2003 une station météorologique dans le cadre du programme AMMA. Nous ne verrons pas l'île, car le temps est bouché : en effet, cette île haute (de l’ordre de 2400 m) bloque les nuages et l’humidité y est importante. Nous ne nous y arrêterons pas, malgré le désir de plusieurs d’entre nous...

Durant notre trajet le long de l’équateur des côtes africaines vers Sao-Tomé nous n’avons pas rencontré le Sous Courant Equatorial, qui était si net il y a quelques jours le long de la radiale N-S. Nous le retrouverons à l’ouest de l’île, vers 120 m de profondeur. Tout se passe comme si ce courant, qui s’écoule le long de l’équateur depuis les côtes d’Amérique, se trouve bloqué par l’île de Sao Tome. Pour l’instant nous ne savons pas ce que deviennent les eaux qu’il transporte. Mystère de la terminaison du Sous Courant Equatorial.

Hier nous expliquions comment se déroulent les prélèvements d’échantillons pour la mesure de l’hélium. Le second prélèvement qui doit être effectué sans délai est celui nécessaire à l’analyse de l’oxygène dissous dans l’eau de mer. Ce paramètre se comporte comme un traceur des masses d’eau aux grandes profondeurs, mais en surface il participe à l’activité biologique. Sa concentration est modifiée par cette activité. Son prélèvement est délicat et il faut que le temps de contact de l’échantillon avec l’air soit le plus court possible. Le prélèvement est effectué dans des flacons en verre dont on connaît le volume avec une grande précision. Une fois le prélèvement effectué il faut "piéger" l’oxygène dissous. On utilise pour cela 2 réactifs délivrés par des pipettes, du chlorure de manganèse et du iodate de sodium. Ils fixent l’oxygène dissous et provoquent la formation d'un précipité blanc. L’échantillon est ensuite analysé en laboratoire moins de 24 h après son prélèvement.

Nous remontons maintenant vers le nord et nous atteindrons les côtes du Nigéria demain matin vers 4h. Nous y ferons notre dernière station hydrologique avant d’entamer un transit vers Cotonou.


Jeudi 29 septembre

Les traitements des données courantologiques effectuées au large de Sao Tomé ont été effectués, et donnent une bonne image de l'influence de l'île sur le Sous Courant Equatorial.

La dernière station de la campagne EGEE 2, la n°62, a été effectuée par 3°41 de latitude nord et 6°00 de longitude Est, le 28 septembre à 4h30 du matin. Cette station a été réalisée sur une profondeur de 200 m en bordure du plateau continental du Nigeria. Les torchères des plates-formes pétrolières éclairaient l’horizon et donnaient l’impression de multiples levers de soleil.

Le navire continue sa route jusqu’à l’isobathe 200 m afin de mesurer les courants jusqu’à la bordure du plateau continental puis il vire sur bâbord au 306° afin de regagner Cotonou. Durant le transit seul les appareils du bord continueront à fonctionner, ADCP de coque, thermosalinographe et station météorologique. Il nous faudra 32 heures pour regagner Cotonou. Ce temps sera mis à profit pour terminer les analyses d’oxygène et de salinité des prélèvements de la journée précédente ainsi que pour nettoyer et ranger tout le matériel dans le container de 20 pieds. Le navire rentrant directement sur Toulon nous n’aurons pas besoin d’organiser l’expédition du matériel depuis Cotonou.

Le bilan de la campagne est extrêmement positif et nous avons pu réaliser pratiquement l’ensemble des mesures qui avaient été envisagées au départ. Seul un point fixe de 12 h devant Sao Tomé n’a pu être fait faute de temps. Celui-ci nous aurait permis de comparer les mesures de la station météorologique installée sur l’île avec les mesures en mer du navire. Mais ce n’est que partie remise car en juin 2006 aura lieu la campagne la plus importante du programme. Elle se déroulera durant 45 jours sur le N/O Atalante et permettra d’embarquer un nombre de scientifiques beaucoup plus important, car nous serons alors une trentaine. Les mesures effectuées à bord seront plus nombreuses, en particulier avec l’installation d’un mât météorologique et le lâcher de ballons sonde. Par ailleurs les mesures du navire seront complétées par des mesures aériennes.

Comme le veut la tradition voici les 2 photos, une pour chaque leg, des scientifiques ayant embarqué.

 

 
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