Le
journal de la campagne EGEE 2 - 1° partie
Du 29 août au 2 septembre : derniers préparatifs |
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Je suis donc arrivé à Cotonou le 29 aout afin de m'assurer de la bonne arrivée du matériel en provenance d"Allemagne et arrivant par bateau et par avion, et aussi pour m'assurer des conditions dans lesquelles notre conteneur a été entreposé depuis la campagne EGEE 1, ce qui pouvait nous inquiéter un peu.
Le 30 matin, on apprend qu’il n’y a pas place au port pour le Suroît, en raison d'un fort encombrement de navires marchands au quai commercial… Il faut trouver une solution le plus rapidement possible, car le navire arrive le lendemain ! Entre EGEE 1 et EGEE 2, il a effectué une campagne de géophysique (étude du champ magnétique terrestre) à partir de Dakar.
Le 31 au matin, on décoince en partie la situation pour la place du navire: Il y aura de la place pendant trois jours au quai pétrolier (si le bateau prend du fuel). Il faudra cependant trouver un créneau pour se rendre au quai commercial afin d'embarquer le conteneur, car c'est impossible au quai pétrolier… Ce créneau devrait être possible dès le 2 matin.
Nous allons alors chez le transitaire pour clarifier les problèmes de transit de matériel de conteneur, et d’arrivée du matériel allemand. On va au port pour voir le conteneur, qui finalement n'aura pas été mis comme annoncé dans un entrepôt chez le transitaire en ville, mais, comme on pouvait le craindre, il est resté au port pendant 2 mois, seulement sous un auvent d’un entrepôt, et un des côtés est donc resté exposé plein sud au soleil…
Le transitaire n'est pas au courant pour l’arrivée le soir même d’un colis aérien en provenance d'Allemagne. On les presse pour qu’ils récupèrent le colis par le vol du soir en direct et dédouanement dans la foulée. De même, le dépotage des caisses arrivées par cargo d'Allemagne n’est toujours pas fait car elles étaient en groupage dans un conteneur géré par deux transitaires, et de plus le navire est arrivé le 27 au lieu du 23.
Le 1er septembre, le colis aérien en provenance de Kiel est finalement arrivé à bord. Fortes pluies et orages toute la journée, ce qui induit un bouleversement des activités portuaires, et notamment de celles des dockers ! En conséquence, on apprend dès le 2 au matin (jour de l'embarquement et du début officiel de la campagne), qu'aucun créneau pour aller au quai commercial ne sera possible car les cargos ne sont pas tous déchargés/rechargés à cause de la pluie… Par contre, le matériel allemand arrivé par cargo est enfin livré à bord. L'après midi, arrivée d'un jeune scientifique du Togo, et le soir, tout le monde est à bord : c'est déjà ça !
Ce vendredi 2 en fin d'après midi, une grande conférence "officielle" était organisée par le comité AMMA local et la représentation de l'IRD, qui a regroupé plus de 120 auditeurs. Cela a permis d'expliquer les motivations des campagnes et les quelques premiers résultats de la campagne EGEE 1.
Samedi 3 septembre : le départ |
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Le 3, enfin, un créneau est possible après 10h... On fonce sur l’autre quai, on charge le conteneur à 11h30 et, le temps de remettre le pont en place (en un temps record), on quitte le quai à 13h, et le port à 13h20… Enfin !
Il reste donc à mettre tout le matériel en place tout en faisant la route, ce que j’aurais aimé éviter ! Cependant, le temps est beau, la mer calme, parfait pour l'amarinage des quelques un(e)s qui ne se sentent pas trop bien après 2 ou 3 heures de route, et les premières mesures peuvent commencer.
embarquement du container de matériel |
une partie de l'équipe scientifique lors du départ |
Nous avons eu jusqu'à maintenant des conditions idéales de mer, suffisamment bonnes pour que les quelques personnes un peu malades puissent se remettre aujourd'hui, jour important car nous allons faire dans 3 heures la première station auprès de la bouée ATLAS PIRATA située à 0-0.
Nous en profiterons pour également faire pour la première fois avec notre collègue allemand des profils de microstructure, afin d'en déduire la turbulence et les mélanges verticaux de petite échelle dans les couches supérieures (de la surface à 300m). Je vous en dirai plus après les premières expériences.
Hier, nous avons également commencé à regarder le fonctionnement du photomètre, qui nous a été mis à disposition par le Laboratoire d'Optique Atmosphérique de Lille, impliqué dans AMMA. Il faut pour cela bien viser le soleil, et avec le mouvement du navire, c'est assez "coton"...
Tout le monde ou presque a déjà essayé sa combinaison de survie, après avoir fait le premier exercice d'évacuation du navire, exercice obligatoire dès le premier jour!
Pour l'instant, nous avons tout préparé : manips, chassis bathysonde (tout semble bien marcher et n'avoir pas trop souffert de l'humidité et de la chaleur dans le conteneur pendant son stockage sur le port de Cotonou...ouf !), mise au point des feuilles de protocole, des feuilles de station et de prélèvement, pour lesquelles il faut être très rigoureux...
Hier soir, nous avons effectué la première série de prélèvements sur les bouteilles de la première station. Cette station test a été un peu délicate et s'est faite en 2 fois ; certains problèmes sont encore à résoudre…
Nous avons maitenant 4 jours de transit jusqu'à 10°S-10°W, où commencera notre radiale vers le nord le long de 10°W. Pendant ce transit, nous ferons des échantillons de surface et assurerons des tirs de sondes XBT. On en profitera aussi pour faire répéter les collègues novices pour les opérations classiques de prélèvement et apprendre à faire les prélèvements pour l'hélium (pour nos collègues de l'université de Breme).
Nous sommmes exactement à 3°S-3°W, en route vers 10°S-10°W.
Nous avons continué à former les membres les moins expérimentés de la mission à certains prélèvements délicats : en effet, ceux qui sont destinés aux mesures des paramètres du carbone, C12 et C13 et oxygène demandent beaucoup d'attention. Il faut veiller absolument à ce qu'aucune bulle d'air ne rentre quand on prélève l'eau de mer ramenée par les bouteilles de prélèvements (ou sortant du tuyau du thermosalinographe), car tout contact entre l'air et l'eau prélevée peut modifier la concentration du paramètre que l'on souhaite mesurer. Ainsi, comme l'air contient beaucoup d'oxygène, une toute petite bulle peut rendre l'échantillon inexploitable pour la mesure de l'oxygène dissous dans l'eau... Même chose pour le carbone, que l'on mesure pour évaluer les échanges entre l'océan et l'atmosphère dans le cadre de l'étude du cycle du CO2 et de l'effet de serre !.
Le problème principal rencontré aujourd'hui est que le matériel du collègue allemand pour mesurer la turbulence dans les couches supérieures océaniques a pris l'eau pendant les premiers profils faits à la station 0-0 (4 profils). Nos électroniciens travaillent dessus, mais nous n'avons pas la pièce de rechange...
Sinon, après une matinée très couverte, le ciel s'est dégagé vers 16h, ciel bleu et vent faible, barbecue sur la plage arrière, et depuis 20h le vent et la mer ont un peu forci (16 noeuds de vent, 1,7 m de creux). A défaut d'être en notre faveur, le courant commence au moins à ne plus être contre...
Le chef mécanicien et son équipe ont fait un tour de force en machine, en intervenant pour nettoyer ou régler des composants du moteur, ce qui a permis de gagner presque 0,4 nœuds en vitesse ! On va finalement arriver de jour sur la bouée (arrivée prévue le 9 septembre vers midi), ce qui est important car il n'aurait servi à rien d'y arriver en début de nuit.
Notre électronicien de choc, Francis Gallois, a réussi, grâce à une astuce assez subtile et un peu de chance (il faut le dire !) à refaire marcher l’appareil de mesures de microstructure MSS de Marcus Dengler, notre collègue de Kiel. Je ne m’étendrai pas dans les détails, mais après une inversion de composant électronique entre l’appareil et le boîtier d’interface (qui envoie du bord l’énergie à l’appareil immergé et en reçoit les informations), après un séchage complet de toute l’électronique et la vérification de tous les capteurs, l’appareil a été remis entièrement en état en fin d’après midi (donc après pas mal d’heures de travail…). On attend avec impatience les prochains profils pour vérifier que tout fonctionne au mieux !
Le MSS (cliquer pour agrandir)
Sinon, le courant nous pousse de plus en plus, et on atteint même les 10 nds en fin d’après midi. Par contre, la mer s'est creusée un peu et la houle est de 2 m : ça bouge de plus en plus…En conséquence, petite inquiétude quant à l’intervention à faire sur la bouée ATLAS à 10°S-10°W, c'est-à-dire changer la centrale électronique. Cette centrale est le "cerveau" de la station de mesures montée sur la bouée et des capteurs fixés le long du câble immergé ; c’est aussi elle qui fournit l’énergie aux capteurs, récupère et stocke les mesures effectuées à haute fréquence -toutes les 2 à 10 mn-, en fait des moyennes quotidiennes pour les transmettre par ARGOS. Si le temps se maintient ainsi, la manipulation de cette centrale de 50 kg risque d'être assez sportive et même dangereuse : on ne prendra pas ce risque avec 2 m de houle. Mais selon les prévisions, celle-ci devrait se tasser un peu ; en tous cas, nous changerons au moins les capteurs défectueux. Le temps passé à ce point sera déterminant pour la suite. Nous avons évalué différentes stratégies de campagnes afin de respecter le temps navire et vendredi soir, je saurai ce qu'on peut faire par la suite.
Les traitements des premières données vont bon train. Ceux des données LADCP, effectués avec deux logiciels différents, montrent un excellent résultat. Pourvu que ces courantomètres fonctionnent ainsi jusqu'à la fin, car nous n'en avons que deux à bord et aucun de remplacement (nous en avions 2 de secours pendant EGEE 1 mais sont malheureusement hors d'état et actuellement en réparation... et nous n'avons pas pu les récupérer avant le début de la campagne).
Après un transit un peu plus rapide que prévu (on atteignait près de 10 noeuds), la bouée Pirata est atteinte vers 12 h TU. Cette bouée a souffert un peu lors de son remplacement lors d’EGEE 1, et l’anémomètre, le capteur de température de l’air et d’humidité T/H, et le capteur de radiation solaire Rad ne fonctionnent pas. Il faut donc changer les capteurs, et tenter de changer la centrale de la bouée si cela ne suffit pas.
A 12h30, le zodiac est mis à l’eau, Francis et Daniel vont sur la bouée avec les capteurs de rechange, les câbles et un ordinateur portable pour vérifier les signaux des capteurs. La mer est moins agitée que ce que l’on pouvait craindre (maximum 1,50 m) et le vent assez faible (12 nds) ; ils restent près d’une heure. De retour sur le navire, Francis vérifie le signal reçu via Argos. Dans un premier temps, il a préféré changer seulement l’anémomètre, vérifié les connections et changé les câbles des autres capteurs. L’anémomètre fonctionne de nouveau parfaitement bien, mais les autres ne marchent toujours pas. Ils retournent donc sur la bouée pour cette fois changer les capteurs T/H et Rad. Je vérifie du navire la réception ARGOS, et constate que le capteur T/H fonctionne bien de nouveau ; par contre celui de radiation, après avoir émis un signal (avec des valeurs un peu «folkloriques»…) ne retransmet de nouveau plus rien. Ma décision est alors de ne pas changer le tube électronique de la bouée. C’est lourd, cela est assez dangereux, et de plus si pendant le changement on détériore d’autres capteurs, nous n’en avons plus en rechange. Comme tous les paramètres semblent OK sauf la radiation, on s’en contentera donc jusqu’à la prochaine intervention sur place, prévue pendant EGEE 3 en mai 2006 avec l’Atalante
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Nos électroniciens ont beaucoup de mérite d’aller travailler sur les bouées pendant des heures : c’est très sportif et loin d’être évident, car, avec les mouvements de la bouée, il faut d’abord s’agripper tout en gardant au moins une main libre pour pouvoir travailler avec des outils, un PC etc. |
Une fois Francis et Daniel revenus à
bord, on procède à des profils de turbulence avec
la sonde MSS, pour savoir au plus vite si celle-ci fonctionne bien
de nouveau. De fait, il semble fonctionner parfaitement, sauf le
capteur de pression qui montre des fluctuations douteuses…
4 profils sont réalisés jusqu’à 200-250
m (pour limiter de trop fortes pressions qui pouvaient favoriser
d’éventuelles infiltrations d’eau dans l'appareil).
Les 4 profils de turbulence réalisés, on décide
avec Francis de retourner quand même sur la bouée pour
revérifier la connectique du capteur de radiation et changer
de nouveau le câble de liaison. Je vais avec lui sur la bouée,
sur laquelle nous restons environ 20 mn. Mais cette dernière
intervention de la dernière chance n’aura servi à
rien... Nous aurons quand même remis en état 3 capteurs
sur 4, et les plus importants.
Les profils obtenus avec la CTD
donnent des résultats
très intéressants ; à ma connaissance, c'est
la première fois qu'on observe dans cette zone la présence
d’une barrière de sel assez marquée entre la
surface et 100m. De fait, nous décidons de refaire des profils
turbulents à 9°30’S (prochaine station).
Nous arrivons à 9°30’S-10°W
vers 22h (de nuit donc), et faisons donc 3 profils MSS, suivis d’un
profil CTD. Si la barrière de sel est toujours présente,
les pics de fluorimétrie sont absents, ce qui est logique
car la lumière joue un rôle moteur sur la production
primaire (photosynthèse). Par contre, les structures verticales
en température et salinité sont toujours là.
Une étude à creuser en perspective !
Une journée donc assez satisfaisante...
Dès le matin, Marcus a vérifié
les profils de microstructures faits cette nuit à 9°30’S.
Le profileur a encore pris l’eau ! Les profils sont pleins
de pics aberrants et sans doute inexploitables.
Francis et Marcus s’attèlent
donc de nouveau à tenter de remettre en état le MSS
(nettoyage, changement des joints, contrôle et nettoyage des
capteurs…). Il est clair que si nous ne pouvons plus faire
de profils MSS, cela serait très dommageable (et particulièrement
frustrant!)
Cet après-midi, premiers prélèvements
d’Hélium, qui seront analysés à l’Université
de Brême (Allemagne) par nos collègues travaillant
sur les vitesses verticales dans les couches supérieures
de l’océan, paramètre crucial pour nous, notamment
en zones de remontées d’eaux froides (upwelling) dans
la bande équatoriale. La mesure de la concentration relative
des isotopes de l’Hélium permet, après des analyses
complexes, de déduire une estimation de la vitesse verticale,
qui n’est pas mesurable directement tant elle est faible (de
l’ordre de 0,01 mm/s). Ces échantillons doivent être
prélevés toujours en premier sur les bouteilles de
prélèvement de la bathysonde. Pour cela, on dispose
d’un tube de cuivre assujetti dans une monture en aluminium,
avec à chaque extrémité un dispositif de serrage
afin d’écraser le tube de cuivre à ses extrémités
pour piéger l’eau de mer dans le tube. Il faut qu’aucune
bulle d’air ne pénètre dans l’échantillon,
on doit donc taper sur la structure d’aluminium pendant la
prise d’échantillon afin d’évacuer toutes
les micro-bulles d’air qui pourraient s’y trouver. Cela
paraît compliqué, mais c’est surtout un peu long…et
sportif.

Sinon, quelques gros dauphins
ont été aperçus vers 16 h.
Le rythme s’est intensifié depuis
2 jours (prélèvements Hélium, stations toutes
les 3h, XBT
entre les stations) et les personnes de quart n’ont plus de
temps de chômer.
Ce matin, arrivée très tôt
près de la bouée ATLAS située à 6°S-10°W.
Il fait nuit, on fait d’abord le profil CTD puis on recommence
des profils de turbulence près de la bouée. Francis
et Marcus ont particulièrement soigné l’étanchéité
et mis du papier à l’intérieur à la base
du couvercle jointé afin de voir d’où viendrait
exactement la fuite. De fait, tout se passe très bien, les
mesures des différents capteurs semblent parfaites, et le
MSS n’a, pour la première fois pas pris l’eau
(le MSS a été ouvert peu après le profil pour
vérifier). Les résultats étant très
encourageants, on en refait (avec succès) aux trois profils
suivants (donc à 5°30’S, 5°S et 4°30'S,
soit donc de jour comme de nuit afin aussi de vérifier l’effet
du cycle diurne sur la turbulence). Pourvu que cela dure. A chaque
fois, on fait trois profils successifs jusqu’à 200
m environ. La vitesse optimale de descente étant de 60 cm/s,
la série de profils dure environ 45 mn.
Le passage près de la bouée
s’étant fait à l’aube juste après
les profils, 5 gros coryphènes affamés ont été
pêchés. Ils seront mangés le soir même
au barbecue…
Le vent nous pousse, et le courant de surface
fluctuant mais faible. Donc le navire dépasse les 9,5 nœuds
entre les stations, et le nouveau planning peut pour l’instant
être respecté. Je compte beaucoup sur le Courant de
Guinée, très développé en latitude et
intense en ce moment. Sur la carte
MERCATOR ci-jointe, on peut observer le Courant de Guinée
avec des courants très intenses (rouge) au large de l’Afrique
de l’Ouest entre l’équateur et 4°N. Celui-ci
devrait nous pousser... On peut aussi voir qu’un courant de
sud devrait nous aider également demain (le long de 10°W,
entre 5°S et l’équateur), ce qui sera donc à
vérifier demain en temps réel par les mesures courantométriques
faites par l’appareil ADCP de coque du navire.
Une apparition du soleil enfin dans l’après
midi… du coup, 2 ou 3 séries de mesures au photomètre
ont enfin pu être faites.
Aujourd'hui, enfin un peu de soleil…
mais pas longtemps!
Depuis 2°S, les profils de turbulence
se font à toutes les stations, de jour comme de nuit…
donc avec lumière et sans lumière, ce qui est intéressant
car les variations nycthémérales d’éclairement
et de température peuvent avoir un impact non négligeable
sur les mélanges verticaux. Ce que ces mesures permettront
de vérifier...
Deux profileurs de type SOLO
(fournis par la NOAA/USA) ont été déployés
en soirée à 2°S et 1°30’N le long de
10°W, non sans difficulté.
Nous avons vainement essayé pendant plus de ¾ d’heure
de "réveiller" le mécanisme de mise en marche
et de test en passant un aimant sur le corps du flotteur ; le test
consistant à vérifier que l'huile va bien remplir
les ballasts qui devront par la suite faire varier la flottabilité
du profileur de façon à lui permettre de se déplacer
le long de profils de 2000 m à la surface et vice-versa, simplement
en suivant le principe d'Archimède...
Il semble que les aimants fournis sont trop faibles, nous en avons
donc utilisé de plus gros, et cela a marché !
Un profileur SOLO, permet de faire des profils verticaux de température
et salinité tous les 10 jours avec transmission par ARGOS.
Nous n’avons pas pu vérifier
les courants de surface "en temps réel" pour comparaison
avec MERCATOR ; nous attendons le traitement des mesures du courantomètre
ADCP du bord de demain pour le faire.
Nous avons atteint en fin d’après
midi (vers 18h) la dernière bouée ATLAS du programme
PIRATA située à 10°W-Equateur (carte) que nous
devons vérifier.
A proximité de la bouée, nous avons effectué
des profils de microstructure pour les études de turbulence,
puis nous avons ensuite fait un passage de pêche. C’est
en effet une des heures idéales (avec le lever du soleil)
pour pêcher, et il y a effectivement beaucoup d’oiseaux
tournant autour de la bouée, ce qui est un signe ; on voit
beaucoup de poissons à proximité de la bouée.
De fait, la pêche (à la traîne) a été
bonne… (plus d’une dizaine de prises : thons, dorades
coryphène (photo) et thazards). Cela nous aura pris 20 à
30 mn mais c’est important (et bon pour le moral des «troupes»)
de pouvoir changer un peu le rythme ordinaire et de manger de temps
en temps du poisson frais!

Ensuite, nous avons effectué un profil CTD avant de refaire
des profils turbulence juste après le coucher du soleil,
ceci afin d’estimer l’effet de la lumière sur
la turbulence au même point. L’appareil de mesures,
qui nous avait causé pas mal de soucis d’étanchéité
il y a quelques jours, marche à merveille, et promet de bons
résultats inédits dans cette région.
Pour revenir sur les courants d’avant-hier, et après
traitement des profils d’ADCP, il s’avère que
les courants simulés par MERCATOR étaient relativement
représentatifs de ce que l’on a pu avoir, tout au moins
entre 7° et 2°S. Nous avions des courants de surface avec
une composante vers le nord, assez faible mais suffisante pour "aider"
le navire. Par contre, à partir de 2°S, il y avait une
très légère composante vers le sud. Comparaison
"de visu" dans quelques jours.
Aujourd’hui s’est achevée
la section méridienne le long de 10°W.
Nous avons fait la dernière station à 1°30’N
entre 11h et 12h30, et aussi les derniers profils de microstructures
pour la campagne.
Ce matériel aura donc permis de mesurer la turbulence dans
la partie ouest du Golfe de Guinée où les sous courants
zonaux mesurés sont assez intenses et induisent des différences
de courants sur la verticale susceptibles de favoriser les mélanges
entre les masses d’eau. Ceci est moins vrai a priori dans
l’est du Golfe de Guinée, où les courants s’affaiblissent,
mais sera à vérifier lors d’une prochaine campagne,
et ce, si nous pouvons disposer du même matériel dont
disposent nos collègues allemands de l’IFM-GEOMAR à
Kiel, mais que nous n’avons pas encore dans nos laboratoires.
Depuis cette station, virage et cap à
l’est le long de 1°30'N jusqu’à demain après
midi, où nous irons à 2°N. Pourquoi ? une raison
très simple: nous n’avons jamais obtenu les autorisations
de travailler dans les eaux sous juridiction du Libéria,
et donc nous sommes obligés de rester à 200 milles
nautiques de ses côtes ! A la latitude de 1°30’N,
nous sommes à peu près à la limite, et dès
que nous arrivons vers 7°30’W, à la frontière
des eaux sous juridiction de la République de Côte
d’Ivoire, dans lesquelles nous avons obtenu les autorisations
de travail, nous irons donc à 2°N où le Courant
de Guinée, orienté vers l’est, sera plus intense
et nous permettra d’aller plus vite (voir la carte MERCATOR
du journal du 11 septembre). Arrivée donc prévue
à Cotonou dimanche matin.
Désormais, les quarts sont occupés
uniquement à faire des profils XBT tous les ½ degrés
de longitude, des prélèvements de surface pour les
analyses de salinité et de sels nutritifs tous les degrés
et pour les analyses des paramètres du CO2, le C13 et l’O18
tous les 2 degrés. Il faut donc rester vigilant car l’interruption
d’un rythme soutenu mène souvent au relâchement
de la concentration…
Le programme pour les jours qui viennent
est actualisé environ 2 fois par jour et
affiché en 5 endroits du navire:
1. la passerelle du navire (le commandant et les lieutenants sont
les premiers concernés pour la route à suivre…)
2. le PC scientifique
3. le laboratoire humide où sont faits les prélèvements
et l’acquisition des mesures pendant les profils CTD
4. le laboratoire sec où sont faites les analyses d’oxygène
dissous et de salinité, et où sont conditionnés
les échantillons de sels nutritifs (mis sous étude
pendant 2h1/2, afin de pouvoir les conserver et faire les analyses
ensuite au laboratoire à Brest)
5. le PC informatique d’où sont contrôlés
les tirs de sondes XBT.
Ainsi, tout le monde est censé être au courant. Les
lignes en grisé correspondent à ce qui a déjà
été fait...
Enfin, le traitement des enregistrements
des courantomètres à effet Doppler disposés
sur le chassis de la bathysonde , effectués pendant les profils
CTD, nous permet de vous présenter en toute première
exclusivité une coupe des courants de la surface à 300 m
de profondeur, le long de la radiale 10°W
Ce matin, grand soleil, mais le ciel s’est
recouvert en début d’après-midi… Demain, je tenterai de décrire
ce qu’on est censés faire avec le photomètre portable embarqué à
bord.
Nous disposons à bord d’un photomètre fourni
par le Laboratoire d’Optique Atmosphérique (LOA) de l'Université
des Sciences et Technologies de Lille, laboratoire fortement impliqué
dans le programme AMMA.
Pourquoi embarquer un tel appareil sur un
navire et à quoi sert-il ? Un photomètre sert à caractériser les aérosols
de la troposphère, donc dans les hautes couches de l’atmosphère,
en mesurant l’intensité du rayonnement solaire incident dans différentes
longueurs d'ondes (au nombre de six), ce qui permet d’en déduire
les propriétés optiques et radiatives des aérosols, et donc d’évaluer
leur impact sur le rayonnement et la quantité de chaleur absorbée
par l’atmosphère.
De fait, les aérosols sont susceptibles
de jouer un rôle important dans la dynamique atmosphérique et dans
celle des nuages, et ont par conséquence une importance fondamentale
dans le cadre de l’étude de la Mousson Africaine. Ces aérosols peuvent
être notamment constitués de particules entraînées depuis les surfaces
continentales vers la haute atmosphère par des courants ascendants.
Dans le Golfe de Guinée, en cette saison, les vents dominants vont
du sud vers le nord et proviennent aussi du sud-est du bassin de
l’Atlantique Sud; ils peuvent donc entraîner depuis l’Afrique Centrale
ou Sud Ouest, des cendres produites par les incendies de forêts
assez fréquents dans la région, ou des poussières
éoliennes sur les zones dénudées ou désertiques (Namibie)

Le MSS (cliquer pour agrandir)
Bien entendu, pour effectuer ces mesures, il faut du soleil... or depuis le début de la campagne, on n’en a vraiment pas vu beaucoup ! Le Golfe de Guinée est une région à très forte couverture nuageuse, et pour s’en rendre compte il suffit de visualiser l'image satellite Meteosat (canal visible) du moment.
Pour tout renseignement sur ces mesures,
prière de s’adresser directement à nos collègues du LOA, ou consulter le site
internet d'AMMA. Sinon, aujourd’hui,
on a aperçu un bel aileron de requin le long du navire, pendant
plus d’une minute (on naviguait à 9,4 nœuds). Cet après midi, on
a gagné en vitesse car, le long de 2°N, le
Courant de Guinée est bien présent, et depuis quelques heures on
dépasse allègrement les 10 nœuds.
Nous sommes à présent en transit de
retour vers Cotonou, transit validé par des tirs d’XBT tous les
½ degré et de prélèvement de surface tous les degrés.
Vers 13h, nous avons fait une dernière station
hydrologique jusqu’à 2000 m de profondeur à 2°N-2°W, précédée d’un
déploiement de profileur PROVOR. Descendre jusqu’à 2000 m lors
d’une station isolée a ici deux justifications:
1) le profileur PROVOR effectue des profils
de température et de salinité jusqu’à 2000 m tous les 10 m, dont un
lors de la première descente qui est effectuée peu de temps après
sa mise à l’eau. Avoir en même temps un profil CTD jusqu’à cette
profondeur permettra donc de faire une comparaison de mesures obtenues
par les deux appareils, afin de vérifier le bon fonctionnement du
PROVOR et assurer sa validation in situ ;
2) à cette grande profondeur de 2000 m, les
eaux sont homogènes (très faibles variations sur la verticale des
propriétés hydrologiques), et nous en avons profité pour y fermer
toutes les bouteilles hydrologiques. L’intérêt est ainsi de vérifier,
lors des analyses de la salinité et de l’oxygène qui sont effectuées
à bord à partir des échantillons obtenus, et qui devraient donc
donner toutes les mêmes résultats, si les échantillonnages et les
analyses sont bien faits. En effet, les éventuelles différences
entre les analyses faites à une même profondeur peuvent s’expliquer
soit par des erreurs lors des prélèvements, soit par un problème
d’étanchéité des bouteilles, ou encore par des erreurs lors de l’analyse
elle-même. Ces différences permettent donc de mettre en évidence
les problèmes potentiels et de fournir une marge d’erreur sur les
mesures réalisées à partir des échantillons d’eau de mer pendant
la campagne.
Nous venons enfin d’établir de façon définitive
le parcours de la fin du programme afin d’arriver dimanche avant
8 h en escale à Cotonou. Le temps ne nous permet pas de faire une
section perpendiculaire à la côte, donc du sud vers le nord, ce
qui aurait permis de mesurer le Courant de Guinée, qui lui va d’ouest
en est, perpendiculairement à sa direction (ce qui facilite les
calculs ultérieurs de son transport). A partir de 2°N-2°W, nous
faisons donc cap au 45 vers 4°N-0°E puis sur 5°40’N-1°E, puis Cotonou.
Le parcours complet de cette première partie
de campagne est indiqué sur
la carte de ce 1er leg, qui résume également l’ensemble des
travaux réalisés. Au total, nous aurons donc réalisé pendant cette première
partie de campagne :
- 26 profils hydrologiques,
- 16 profils de mircrostructures,
- 78 profils thermiques à l’aide de sondes
XBT,
- près de 1180 prélèvements d'échantillons (en station et
en surface, pour les différents paramètres).
Les traitements du courantomètre ADCP ont
pu être finalisés (mais non définitifs) par notre collègue à bord
Rémy Chuchla, à l’aide du logiciel CASCADE, développé au Laboratoire
de Physique des Océans, basé au centre Ifremer de Brest. Nous montrons sur les cartes jointes les
vecteurs représentant les
courants de surface mesurés pendant les premières parties des
campagnes EGEE 1 (juin) et EGEE 2 (septembre).
Plusieurs passagers chanceux ont pu voir
et admirer des baleines et des dauphins, le 16 après midi et le
17 au matin. Arrivée prévue demain matin vers 8h à Cotonou.
Aux dernières nouvelles, le port est encore très encombré (plusieurs
cargos attendent au large une place à quai). Après échanges téléphoniques
entre le navire et le port, il semble que nous pourrons quand même
accoster, mais nous serons sans aucun doute de nouveau au quai pétrolier…
Arrivée à Cotonou, fin du 1er
"leg" (partie de la campagne).
Lundi, changement partiel de l’équipe scientifique.
Six personnes débarquent (dont les deux scientifiques du Togo et
du Bénin et notre collègue allemand), et six autres embarquent (dont
trois scientifiques du Bénin, du Nigéria et du Congo). Le départ
pour la seconde partie est prévu lundi à 18h et doit s’achever le
29 au soir, pour une démobilisation du navire le 30 septembre. Bernard
Bourlès passe le relai à Yves Gouriou en tant que chef de mission.
C’est donc lui qui continuera le journal pour le second leg.
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