Accès au site de l'IRD Retour à la page d'accueil

Les premiers résultats d'EGEE 3

Cette page présente de façon succincte quelques-uns des premiers résultats transmis par l'équipe scientifique au fur et à mesure du déroulement de la campagne.

Trajets suivis par les bouées dérivantes (6-8 juin)
Section de température le long de la radiale 10°W (12 juin)
Température de la mer et échanges de CO2 (13 juin)
Le sous-courant équatorial aux abord de Sao Tome (25 juin)

 

Trajets suivis par les bouées dérivantes (6-8 juin)

Le lieu de déploiement de ces profileurs a été choisi en fonction des courants généralement observés dans le golfe de Guinée, afin que l'on puisse obtenir un maximum de mesures sur l'ensemble du golfe de Guinée pendant toute l'expérience SOP-2006 d'AMMA. Dans la figure jointe, qui nous a été transmises par le centre Météo-France de Brest, nous pouvons voir les dérives des profileurs Marisonde et SVP depuis leur déploiement. Il est intéressant de noter la dérive différente suivie par chacun de ces appareils pourtant parfois largués au même point. Par exemple, pour ceux largués à la position 0°E-0°N, en début de campagne, le Marisonde est parti rapidement vers l'est alors que le SVP est parti lentement vers le sud-sud-ouest. Pour ceux largués à 2°30'W-0°N, la Marisonde est également partie vers l'est, alors que le SVP est parti vers l'ouest. Comment expliquer cela ?

Comme indiqué sur la liste des instruments, les SVP sont supposés suivre le courant de surface, avec une ancre flottante positionnée à 15 m sous la surface. En ce moment les courants de surface sont majoritairement vers l'ouest, pouvant cependant suivre des forme en méandre, un courant étant loin d'être bien "régulier" et uniforme. Les Marisondes eux, sont munis d'un empennage sur la bouée en surface permettant de suivre le vent, mais sont équipés d'un câble lesté jusqu'à 150 ou 200 m de profondeur. Donc a priori, nous pouvons penser qu'ils devraient suivre à la fois le vent et le courant de surface… Or à l'équateur existe sous la surface, entre 40 et 200 m de profondeur, un courant vers l'est pouvant être très intense (jusqu'à 70 cm/s), appelé le Sous-Courant-Equatorial (SCE), dont on a déjà parlé l'an dernier et sur lequel nous reviendrons ultérieurement. C'est la présence de ce SCE qui, en entraînant le câble lesté, explique la dérive vers l'est des Marisondes déployés sur l'équateur.

Si l'on regarde les trajectoires des deux appareils déployés le plus à l'ouest, on voit que les deux partent vers le nord-ouest avec le Courant Equatorial Sud. Le SVP va plus vite et représente bien l'intensité du courant de surface, tandis que le câble et le lest de la Marisonde la ralentissent. Il est alors évident que la trajectoire d'un Marisonde ne peut pas être utilisée pour en déduire les courants océaniques… Enfin, nous espérons que ces deux appareils reviendront vers l'est avec le Courant de Guinée, comme la fin de leur trajectoire permet de le penser !

 

Section de température le long de la radiale 10°W (12 juin)


Cliquez sur l'image pour l'agrandir

Cette coupe a été effectuée à partir des mesures de la sonde CTD, et de profils réalisés tous les 1/2 degrés de latitude le long de la section 10°W (donc à la frontière ouest du golfe de Guinée). On peut y distinguer d'abord une grande masse d'eau chaude au sud de l'équateur entre 8°S et 4°S, de la surface à plus de 50 m de profondeur, avec des températures supérieures à 27°C. Sous cette couche, on distingue (bande jaune) une région o ù les températures varient très vite avec la profondeur, et qu'on appelle la thermocline. Elle sépare en quelque sorte les eaux chaudes de surface des eaux profondes, plus froides. La variation de la profondeur de cette thermocline est très importante. Si elle est peu profonde, les eaux de surface vont pourvoir être plus facilement refroidies. C'est ce que l'on observe à l'équateur sur cette même figure, où les eaux de surface sont inférieures à 26°C (on a mesuré 25,3°C à 1°15'S). Ces eaux froides à l'équateur sont le signe de la mise en place de ce que l'on appelle l'upwelling équatorial (remontée d'eau froide) qui apparaît pendant cette période et est présent pendant tout l'été. Cet upwelling va continuer à "s'installer" dans les semaines qui viennent et les eaux de surface à l'équateur peuvent parfois baisser jusqu'à 21 ou 22°C. L'an dernier les eaux y étaient d'ailleurs déjà bien plus froides que cette année à la même période. On peut remarquer d'ailleurs que la thermocline est aussi plus resserrée (bande jaune plus étroite) à l'équateur. Avec de tels résultats, associés aux mesures de courant, salinité, oxygène dissous,..., on parvient à déterminer l'origine de ces eaux, le devenir des courants, et à analyser les variations saisonnières et interannuelles de la circulation océanique sous la surface, ce qu'on ne peut faire avec des mesures faites de l'espace par les satellites, qui ne voient eux que la surface (mais qui la voient par contre sur l'ensemble des océans et avec une grande fréquence temporelle !...).

 

Température de la mer et échanges de CO2 (13 juin)

Latempérature de la surface de la mer a un effet très important sur le sens des échanges de carbone entre l'océan et l'atmosphère. Sur la figure jointe, on voit les mesures effectuées au cours du trajet parcouru du 26 mai au 1° juin le long de l'équateur : contenu en CO2 de l'air (points noirs), contenu en CO2 de l'océan de surface (points violets), température de surface de la mer (SST, points verts). Cette température décroît fortement au milieu de la figure, car nous étions alors le long de l'équateur où les eaux commençaient à se refroidir sous l'effet de l'upwelling équatorial. Pendant toute cette période d'eau relativement plus froide, la concentration en CO2 dans l'océan était supérieure à celle dans l'air, et donc l'océan jouait un rôle de source de CO2 pour l'atmosphère. Donc, même si elle ne rentre pas dans le cadre direct de la dynamique de la mousson africaine pour cette campagne, ce genre de mesures est aussi important pour la compréhension de notre fragile système climatique…


Cliquez sur l'image pour l'agrandir

 

 

Le sous-courant équatorial aux abords de Sao Tome (25 juin)

Les images de courant que nous avons obtenues le long de 6°E, à l'ouest de l'île, et à 6°30'E au sud de l'île, montrent les modifications subies par le Sous Courant Equatorial entre ces deux radiales distantes d'environ 50 km. Ces figures représentent la composante zonale du courant, vers l'est (valeurs positives, couleurs chaudes) ou vers l'ouest (valeurs négatives, couleurs froides) ; les vitesses sont exprimées en cm/s.


Coupe N-S des courants à 6°E

La première figure (ci-dessus) est une coupe de 0,5 °S (à gauche) à 4°N ( à droite) le long de la radiale 6°E. Le courant apparaît à 50 m de profondeur au sud de l'équateur, en orange et jaune à la gauche du dessin ; il est visible entre 0°30'N et 0°30'S. Le cœur de la veine de courant (visualisé en rouge) a une vitesse de 40 cm/s. Il s'est donc notablement affaibli depuis la longitude 10°W ou sa vitesse était double, 80 cm/s (ci-dessous).


Coupe N-S des courants à 10°W

La dernière figure (ci-dessous) est une coupe de l'équateur (à droite) à 1°S (à gauche) le long de la radiale 6°30'E. Le Sous Courant y est visualisé en jaune orange, juste au sud de l'ile de Sao Tome. L'île perturbe fortement le courant et sa vitesse a fortement diminué en 50 km puisqu'elle n'est plus maintenant que de 20 cm/s dans son cœur (latitude -0.2, -0.3).


Coupe N-S des courants à 6°30' E

 

 
Site web de l'IRD
Accès au centre
Contacts IRD Bretagne
Mentions légales du site IRD